Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 15:33

 

Le Monde.fr avec AFP | 17.05.2012 à 08h10 • Mis à jour le 17.05.2012 à 09h05

 
 
Le nouveau premier ministre grec, Panagiotis Pikramenos, mercredi 16 mai.

 

La Grèce a nommé, jeudi 17 mai, un gouvernement d'intérim composé de 16 ministres, essentiellement hauts fonctionnaires et universitaires, dont la tâche sera de préparer les nouvelles élections du 17 juin.

Les membres de ce gouvernement "de service", dirigé par le président du Conseil d'Etat, Panagiotis Pikramenos, 67 ans, vont prêter serment à 7 heures GMT (9 heures, à Paris), juste avant la première convocation de l'Assemblée élue le 6 mai, dont la composition est tellement éclatée qu'elle n'a pas permis de dégager une majorité pour former un gouvernement de coalition.

Le gouvernement est composé d'universitaires, d'un général à la retraite, d'un diplomate. Aux finances, Georges Zanias, qui a dirigé le conseil économique du pays, a été l'un des principaux négociateurs de la restructuration de dette réalisée au début de l'année par la Grèce. Petros Molyviatis, un diplomate de 83 ans, revient aux affaires étrangères où il a fait un passage en 2004-2006. L'ancien chef d'état-major des armées, Frangos Frangoulis, a été nommé ministre de la défense.

 LA GAUCHE RADICALE FAVORITE DU FUTUR SCRUTIN

La Grèce retournera aux urnes le 17 juin, un scrutin à haut risque dans un pays en pleine déroute économique, où la poussée dans les sondages de la gauche radicale refusant les mesures d'austérité met à l'épreuve la zone euro et le maintien d'Athènes dans ce club.

Le nouveau scrutin, pour lequel la gauche radicale anti-rigueur du mouvement Syriza part largement favorite, a ranimé les inquiétudes sur l'avenir de la zone euro et accentué la menace récurrente de la sortie du pays de la monnaie unique, si les opposants à l'austérité devaient en sortir renforcés et si la Grèce reniait ses engagements d'ajustement budgétaire et de réformes structurelles.

Lire : Les voix s'unissent en faveur d'un maintien de la Grèce dans la zone euro

Au-delà des Bourses très nerveuses depuis le scrutin du 6 mai, la paralysie politique en Grèce a également suscité un début de panique bancaire, avec des retraits de 700 millions d'euros pour la seule journée de lundi.

 

 

Partager cet article
Repost0
16 mai 2012 3 16 /05 /mai /2012 12:29

 

Rue89

Le Yéti, voyageur à domicile

Chroniques d'un voyageur à domicile qui ne voulait pas conquérir le monde, mais être conquis par lui.

yetiblog.org
Publié le 16/05/2012 à 10h15

 

Raté ! Le président grec Papoulias aura tout tenté pour éviter un retour aux urnes dans son pays. Faute d’accord pour une coalition de partis politiques, faute d’avoir mis sur pied ce « gouvernement de technocrates » qu’il appelait de ses vœux, le voilà contraint d’annoncer un nouveau tour d’élections pour la mi-juin, comme l’y engage sa propre Constitution.

Voilà qui ne fait pas du tout l’affaire, ni des deux partis institutionnels grecs (la Démocratie chrétienne de droite et le Pasok socialiste), en phase dépressive et déjà bien malmenés lors du premier tour de ces élections, ni de la fameuse Troïka (BCE, Commission européenne, FMI) garante de quelques insatiables intérêts financiers.

Quelques questions

C’est que ces ingrats de sondages prévoient une montée en puissance du parti Syriza, cette variante grecque de notre Parti de gauche, déjà arrivé bon second lors de la première édition électorale. Avec le gain de 50 députés qu’octroie la loi grecque au parti vainqueur.

J’ai posé quelques questions à mon ami Okeanos, qui suit l’affaire sur place pour savoir pourquoi Syriza faisait tant effet d’épouvantail à microcosme dans son pays :

  • allait-il demander un retrait de l’euro, le retour à une monnaie nationale ou le maintien de son pays dans cette Union européenne (UE) bien sinistrée ?
  • Quid de l’attitude de Syriza quant au remboursement de la dette grecque ? Gel ? Annulation ? Renégociation ?

Le programme de Syriza

Okeanos m’a répondu en me détaillant le programme gouvernemental de Syriza :

1. Annulation immédiate des mesures d’austérité, en particulier celles concernant les coupes dans les salaires et les pensions ;

2. Annulation des dispositions du programme d’austérité qui exterminent les droits des travailleurs.

3. Moratoire sur le remboursement de la dette. Et mise en place d’une commission d’audit sur cette dette.

4. Annulation de la loi immunisant les ministres de devoir rendre des comptes.

5. Contrôle public des banques et ouverture d’un audit sur leur situation.

6. Mise en place d’une toute nouvelle coopération à l’échelon européen.

La souris qui fait la nique aux gros chats

L’état de panique du mastodonte européen devant la possible irruption de ce diable hellène prête à sourire. Tantôt « vipère au poing », comme le ministre allemand Schäuble assurant que la sortie de la zone euro de la Grèce, même pas mal ! Tantôt pontifiant comme le président de l’eurogroupe Juncker, déclamant son « intention inébranlable » de garder la Grèce en son sein.

Tantôt pleurnichant comme le président Papoulias, pour qui ces nouvelles élections vont se dérouler « dans de très mauvaises conditions ». Mais « mauvaises conditions » pour qui, monsieur Papoulias ? Juste un petit caillou dans les godasses de vos maîtres européens et des gardiens zélés du temple financier :

  • si un pays peut décider unilatéralement de s’exclure de la zone euro et a fortiori de l’UE, bien plus dur pour les autres, fussent-ils allemands, de l’exclure d’autorité ;
  • Syriza n’a apparemment nulle intention de se retirer de l’UE. Juste de ne plus obéir comme un mouton aux diktats de ses instances. Et c’est soudain la souris qui fait la nique aux gros chats. Combien parie-t-on que d’autres souris sont aux aguets, en Espagne, en Italie, au Portugal ?

Ce qui va se jouer en Grèce dans les prochaines semaines est crucial pour l’avenir de la démocratie. Vont-ils trouver encore une entourloupe pour la sacrifier sur l’autel de leurs intérêts ? Ou va-t-on assister à la première insurrection civique par les urnes de l’Histoire ? Feuilleton palpitant qui nous concerne tous.

Partager cet article
Repost0
15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 14:57


La situation en Grece est de plus en plus critique.Syriza et Alexis Tsipras sont le cible des pressions et d'attaques inimaginables par tous les grands medias et l'ensemble des autres partis pour qu'ils renoncent a leurs engagements de ne payer la dette et d'annuler les mesures d'austerite, mais pour le moment ils tiennent bon.  Et cela bien que les autres partis et organisations de la gauche grecque persistent a ne pas exprimer  la moindre solidarite a Syriza et Alexis Tsipras, quand evidemment ils ne les attaquent pas (c'est le cas surtout du PC grec) avec une violence inouie.    C'est donc a ce moment, c'est a a dire maintenant, que Syriza a besoin de votre solidarite, de la solidarite des mouvements sociaux et de la gauche partout en Europe!  Alors, c'est a vous de decider comment exprimer cette solidarite, mais l'essentiel est de la manifester le plus vite possible.


salutations internationalistes


Yorgos Mitralias

Partager cet article
Repost0
15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 14:50

14.05.2012

Les élections en Grèce du dimanche 6 mai dernier se sont déroulées dans le contexte d’une véritable décomposition de l’État et d’une régression sociale violente, provoquées par les divers plans brutaux d’austérité imposés par la « troïka » (FMI, BCE, Union Européenne) et acceptés et mis en place par les deux principaux partis historiques, le PASOK (social-démocrate) et la Nouvelle démocratie (droite).

Le bilan économique des plans d’austérité est désastreux. Le paysage social du pays est effrayant. Les privatisations sont massives dans tous les domaines, au grand bénéfice des grands groupes capitalistes, parmi lesquels figurent Véolia (pour la distribution de l’eau à Athènes) et EDF (pour le gisement sous-marin de gaz de Kevala). Des coupes sombres dans les salaires paupérisent l’ensemble de la population. Les fonctionnaires, considérés comme des boucs émissaires, doivent faire face à 20000 licenciements en un an, 150000 licenciements prévus d’ici 2015, à une baisse de salaire de 15%, à la suppression des primes et à la ponction à la source d’un impôt dit de « solidarité nationale ». Les salariés du secteur privé ne sont pas en reste. Le SMIC est ramené à 489 euros net par mois. La jeunesse figure au premier rang des victimes, avec une diminution du SMIC de 30% (440 euros nets). Le code du travail est fracassé à coups de massue par le non renouvellement des conventions collectives qui arrivent à expiration, afin de mettre en place des contrats individuels négociés au niveau de l’entreprise et de faciliter les licenciements. C’est la fin de tout cadre légal du travail. Les retraités ne sont pas davantage épargnés. Les pensions sont diminuées de 20% en moyenne. Par ailleurs, la TVA a été augmentée de 19% à 23%. Des coupes sombres ont été réalisées dans le domaine de la santé (instauration d’un ticket de 5 euros pour pouvoir accéder aux soins) et de l’éducation (fermeture de cantines).

Au total, les droits et les rémunérations des travailleurs sont ramenés au niveau des années 1950.

Cela engendre une explosion de la misère : les soupes populaires se généralisent, des maladies disparues réapparaissent, le nombre de suicides a augmenté de 40% depuis 2009. Des suicides politiques sont commis : immolation d’une personne devant une banque à Salonique, suicide d’un couple de parents qui ne pouvait plus payer les soins de leur enfant malade, suicide d’un retraité sur la place Syntagma, en plein centre d’Athènes, le 4 avril dernier.

Même dans la logique de la Troïka, une telle politique est destructrice. Depuis 2009, la dette est passée de 120% à 170% du PIB. L’objectif de ces mesures d’austérité est qu’en 2020 la dette soit ramenée à son niveau de 2009. On peut s’interroger sur les raisons d’un tel acharnement ayant conduit à une mise sous tutelle du pays, qui rappelle le temps où les puissances occidentales, dites « puissances protectrices », avaient placé le jeune État grec « sous contrôle » après son indépendance en 1832. On peut d’autant plus s’interroger que la Grèce ne représente que 2% du PIB de la zone Euro et que sa dette n’est même pas le tiers de la somme prêtée par la BCE aux banques à des taux ridicules. Sur le papier, la question de la dette grecque pourrait se résoudre assez facilement. Ce n’est pas le chemin que la Troïka a choisi. Elle a choisi la liquidation de la société et de la démocratie grecques. Il s’agit pour elle de faire un exemple, une victime expiatoire. De montrer aux peuples d’Europe ce qui leur arriverait s’ils n’acceptaient pas la politique d’austérité généralisée constitutionalisée par le Mécanisme européen de stabilité et le pacte budgétaire. De mettre les peuples devant une impossible alternative : la Grèce ou la rigueur. La Troïka semble aujourd’hui prête à asséner le coup de grâce en expulsant la Grèce de la zone Euro, voire de l’Union Européenne. Le tout est agrémenté d’un discours populiste (le sud, ce n’est pas bien sérieux).

Cette situation désastreuse fait le lit des sentiments xénophobes. Cela est encouragé par le gouvernement « technique » de Papademos, ex responsable de Goldmann Sachs qui avait réalisé le maquillage des comptes grecs. Ce gouvernement, arrivé au pouvoir à la suite d’un véritable coup d’État financier, rassemblant sociaux-démocrates, droite et un temps extrême-droite, a un terrible bilan. De par les conditions antidémocratiques de son arrivée au pouvoir, l’inclusion de l’extrême-droite dans la scène politique et les politiques menées, il a délégitimé la démocratie et donné du poids aux thèses d’extrême-droite. Il a laissé faire la mise en place de milices privées anti-immigrés dans les quartiers. Il a envisagé l’ouverture de 30 centres de rétention dans le pays. Un appel est en cours pour constituer une « milice citoyenne », entraînée par l’armée et la police et bénéficiant de financement privé, pour lutter contre des « ennemis » non précisés.

On voit donc que les dernières élections législatives se sont déroulées dans un contexte de crise majeure dans tous les domaines. Les partis qui ont participé au gouvernement Papedemos se sont effondrés, parmi lesquels on compte les deux grandes formations historiques de la politique grecque qui s’échangeaient de père en fils les postes de responsabilité depuis des décennies : le PASOK a perdu les deux tiers de ses voix et Nouvelle Démocratie la moitié. Le LAOS, parti d’extrême-droite qui a participé un temps au gouvernement Papademos, disparaît du Parlement. Les formations qui ont soutenu et mis en œuvre les plans d’austérité sont donc durement sanctionnées. A cause d’un tour de passe-passe de la loi électorale grecque, la Nouvelle-Démocratie, qui a perdu la moitié de ses voies, gagne cependant 17 députés.

Gauche Unitaire salue et soutient les camarades de Syriza, qui devient le premier parti à gauche et le deuxième parti du Parlement, en obtenant 17% des voix. Syriza est même en tête dans les grandes villes (agglomération d’Athènes-Le Pirée, Salonique…) et chez les jeunes, qui figurent parmi les catégories de la population les plus durement touchées par les mesures d’austérité.

Les résultats montrent également des facteurs très inquiétants. Comme l’entrée d’un parti ouvertement nazi au Parlement, « Aube dorée », dont le principal chef fait le salut nazi au conseil municipal d’Athènes, publie les panégyriques du IIIe Reich et se réclame ouvertement des organisations fascistes grecques d’avant-guerre et des gouvernements collaborateurs de Tsolakoglou et de Rallis durant l’occupation fasciste. Ce parti cherche à intimider les journalistes (ses gros bras leur intimant l’ordre de se lever en signe de « respect dû au chef », lorsque celui-ci entre pour tenir conférence de presse) et organise de véritables expéditions punitives d’une rare violence contre les populations d’origine immigrée et « les traîtres à la patrie ».

Face à la catastrophe, il y a des bases de résistance : la vingtaine de journées de grèves générales, la mobilisation du monde du travail. Cela explique le très bon score de Syriza.

Il est absolument vital pour l’avenir de la société et de la démocratie grecques que la gauche s’unisse sur des bases de gauche, telles que Syriza les propose : suspension immédiate et inconditionnelle du paiement de la dette le temps de réaliser un audit citoyen de cette dette, l’annulation des mesures d’austérité imposées par la Troïka depuis 2010, la nationalisation d’une partie importante du secteur bancaire et la nécessité de mettre en place un gouvernement de résistance sur ces bases. L’enjeu est d’une importance incommensurable.

 

20:26 Publié dans gauche unitaire 

Partager cet article
Repost0
15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 11:27

 
GRECE. Vers un gouvernement de technocrates ?

Créé le 15-05-2012 à 07h47 - Mis à jour à 13h41 

Les dirigeants des partis politiques grecs se réunissent une nouvelle fois mardi pour discuter d'une gouvernance non politique du pays.

 
in Share1
 

L'annonce de Karolos Papoulias a été faite par le chef du Pasok à l'issue d'une réunion présentée comme celle de la dernière chance. (Petros Giannakouris/AP/SIPA)

L'annonce de Karolos Papoulias a été faite par le chef du Pasok à l'issue d'une réunion présentée comme celle de la dernière chance. (Petros Giannakouris/AP/SIPA)

Les dirigeants des partis politiques grecs se réunissent mardi 15 mai à Athènes pour tenter d'éviter au pays de nouvelles élections et rassurer la zone euro. Cette rencontre doit être précédée d'un tête à tête entre le chef de l'Etat grec Karolos Papoulias et le conservateur anti-austérité Panos Kammenos.

La Grèce se trouve en effet dans l'impasse politique depuis les élections législatives du 6 mai, les chefs de partis n'ayant pour le moment pas réussi à s'accorder quant à la formation d'un nouveau gouvernement. Lundi soir, Karolos Papoulias a abattu sa dernière carte en proposant une gouvernance emmenée par des personnalités non politiques.

Panos Kammenos a été appelé en renfort des trois partis qui tentent d'éviter une sortie du pays de l'euro, après avoir été dans un premier temps tenu à l'écart des tractations entre conservateurs, socialistes et gauche. Son parti nationalo-populiste, "Anexartitoi Ellines" [Grecs indépendants, NDLR], a remporté 33 sièges sur 300 aux législatives du 6 mai.

Boycott des néonazis et des communistes 

Le dirigeant de la gauche radicale du Syriza, propulsé deuxième force politique du pays pour son rejet total des recettes UE-FMI d'austérité, a accepté de participer à la réunion de mardi. Seuls le parti communiste KKE, qui campe sur un isolement assumé, et la formation néonazie "Chryssi Avghi" [Aube Dorée, NDLR] seraient absents.

L'annonce de la proposition de Karolos Papoulias a été faite par le chef du Pasok socialiste Evangélos Vénizélos à l'issue d'une nouvelle réunion - jusque-là présentée comme de la dernière chance - au palais présidentiel avec les dirigeants conservateur, Antonis Samaras, et de la gauche modérée, Fotis Kouvelis.

Pour être soutenu au Parlement, un gouvernement de technocrates doit pouvoir prétendre réunir 151 députés au moins, sur les 300 que compte le Parlement.

La proposition fait mouche

La Constitution ne limite pas le temps donné à Karolos Papoulias pour tenter d'arracher un accord des chefs politiques à son projet. Mais le délai expirera de fait à la formation, le 17 mai, du nouveau Parlement.

Evangélos Vénizélos, dont le parti a été laminé par les électeurs le 6 mai (41 députés seulement), a immédiatement apporté son soutien à la proposition du chef du gouvernement, qu'Antonis Samaras s'est également dit prêt à examiner en invoquant le "mandat du peuple" en faveur, selon lui, d'une coalition gouvernementale. Son parti, la Nouvelle démocratie, a obtenu 108 sièges de députés.

Fotis Kouvelis a, lui, réitéré son refus d'un attelage gouvernemental auquel ne participerait pas son rival à gauche, Alexis Tsipras. Cette position, également avancée par Antonis Samaras, a bloqué la formation, jugée la plus probable dans un premier temps, d'une équipe associant le Dimar [Dimokratiki Aristera, la Gauche démocrate, NDLR] aux conservateurs et aux socialistes, qui bénéficierait pourtant d'une large majorité de 168 sièges sur 300.

Professant leur attachement à l'euro, la Nouvelle démocratie, le Pasok et Dimar ont émis des propositions proches en vue de la formation d'un gouvernement "de deux ans" ayant pour but la renégociation et l'allègement des mesures de rigueur imposées depuis 2010 par les bailleurs de fonds du pays, UE et FMI, et fortement contestées lors du scrutin du 6 mai.

Si la dernière tentative de Karolos Papoulias échouait, la Grèce s'acheminerait vers de nouvelles élections le 17 juin, qui pourraient voir le Syriza arriver en tête. 

Le Nouvel Observateur avec AFP

Par Le Nouvel Observateur avec AFP

Partager cet article
Repost0
13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 20:07

 

 

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 13.05.2012 à 11h47 • Mis à jour le 13.05.2012 à 15h32

 
 
Les leaders des trois principaux partis grecs sont arrivés dimanche 13 mai pour d'ultimes discussions avec le président Carolos Papoulias pour tenter de former un gouvernement de coalition.

 

Le président grec s'efforçait dimanche 13 mai d'arracher la constitution d'un gouvernement de coalition pour éviter de nouvelles législatives qui font craindre une faillite du pays et sa sortie de l'euro. A l'issue de la première réunion du jour, les trois principaux partis faisaient des déclarations contradictoires, alimentant encore davantage la confusion qui règne sur la scène politique grècque.

Le président Carolos Papoulias a reçu 90 minutes en fin de matinée les dirigeants de la droite (Nouvelle Démocratie), du parti de gauche radical anti-austérité Syriza et les socialistes du Pasok pour tenter de les convaincre de former un gouvernement de coalition. Mais cette première réunion a abouti à "une impasse", selon le leader du Pasok, Evangelos Vénizélos, qui a dit avoir encore toutefois "un optimisme limité", avec l'espoir d'un éventuel accord avec le petit parti de gauche pro-européen Dimar.

 

"UNE HONTE... UN MENSONGE DIFFAMATOIRE"

De son côté, le leader conservateur de la Nouvelle Démocratie (ND), Antonis Samaras, a assuré que Syriza avait à nouveau refusé de participer à, et même de simplement soutenir, un gouvernement de coalition, quand bien même celui-ci s'engagerait à "renégocier" l'accord avec les créanciers du pays, qui ont exigé une sévère cure d'austérité.
 

Le leader de Syriza, Alexis Sipras, a pour sa part affirmé que Pasok, ND et un troisième parti, vraisemblablement le petit parti Gauche démocratique pro-européen Dimar, s'étaient accordés sur une coalition chargée d'appliquer le programme d'austérité  exigé par les créanciers contre une nouvelle aide et l'effacement d'une partie de la colossale dette publique grecque.
 

"Trois partis se sont accordés sur un plan pour un gouvernement de deux ans afin d'appliquer l'accord sur le prêt (de sauvetage de la Grèce). Ils ont 168 députés au nouveau Parlement, ils ont la majorité", a déclaré M. Tsipras. Mais Dimar a aussitôt démenti cette annonce : "C'est une honte... c'est un mensonge diffamatoire", a déclaré le parti dans un communiqué.

 

LE SPECTRE D'UNE SORTIE DE L'EURO

Dans l'après-midi, le président devait recevoir l'un après l'autre les dirigeants des quatre autres partis envoyés au Parlement par le scrutin de dimanche. D'abord les Grecs Indépendants (droite nationaliste, qui ont obtenu 10,6 % des voix, soit 33 sièges), puis les communistes (8,48 %, 26 sièges), les néonazis (6,97 %, 21 sièges) et enfin Dimar (6,1 %, 19 sièges).

Les trois principaux partis - le Pasok (socialiste), la Nouvelle Démocratie (conservateur) et Syrisa (Gauche radicale) - sont arrivés en tête des législatives du 6 mai, mais aucun n'a obtenu une majorité suffisante et leurs trois leaders avaient jusqu'ici tour à tour échoué à bâtir une coalition viable. Une solution doit impérativement être trouvée d'ici jeudi, date prévue de la première séance du nouveau parlement, faute de quoi de nouvelles élections seront convoquées pour juin, faisant planer le spectre d'une faillite du pays ou d'une sortie de l'euro.

 

78 % DES GRECS VEULENT RESTER DANS L'EURO

Les derniers sondages montrent qu'une majorité de Grecs veulent une solution. Ils sont 72 %, selon un sondage de l'institut Kappa publié dimanche par l'hebdomadaire To Vima, à estimer que les partis doivent coopérer "à tout prix", et 78 % à vouloir un gouvernement qui fasse "tout ce qu'il faut" pour que la Grèce reste dans la zone euro.

Mais paradoxalement, selon ce même sondage, en cas de nouvelles élections, ce serait Syriza qui arriverait en tête, avec 20,5% des voix, contre 18,1% aux conservateurs et 12,2% aux socialistes du Pasok.

Les créanciers du pays, à commencer par l'UE et l'Allemagne, ont dit clairement ces derniers jours que si la Grèce n'honorait pas les engagements qu'elle a pris en échange des prêts de sauvetage qui lui ont été accordés, ils cesseraient de verser des fonds, et qu'il faudrait envisager une sortie de la zone euro. Bruxelles, dans ses dernières prévisions économiques, s'attend pour la Grèce à une récession de 4,7 % cette année et une croissance nulle l'an prochain.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 15:41
Marianne - Jeudi 10 Mai 2012 à 05:00
Greek Crisis
Historien et ethnologue, ancien correspondant en France pour la revue grecque Nemecis, Panagiotis... En savoir plus sur cet auteur

 

Les résultats des élections législatives grecques, qui se sont tenues dimanche, ont renversé l'ordre politique. Fin du bipartisme, arrivée de la gauche radicale en deuxième position, entrée des néo-nazis au Parlement... Notre blogueur associé Panagiotis Grigoriou revient sur ces bouleversements historiques.

 

(Alexis Tsipras, chef de la gauche radicale grecque, Syriza - Kostas Tsironis/AP/SIPA)
(Alexis Tsipras, chef de la gauche radicale grecque, Syriza - Kostas Tsironis/AP/SIPA)
Dans la rue, on peut désormais sourire au temps. Les mots planent partout, la moindre phrase devient significative, et surtout, elle sonne juste : « On les aura », « Ils ont peur maintenant », « Nous ne savions plus comment faire, mais nous trouverons le chemin... » Comme ces femmes, travaillant à l'accueil au sein d'une entreprise athénienne : « Il est temps de montrer nos dents à l'Europe ; il y a en a assez, mais nous n'irons tout de même pas sortir de l'euro. L'euro ce n'est pas mauvais en somme, non ? » La réponse, par une de ses collègues, n'a pas tardé : « Qu'ils aillent se faire fou*** et leur euro avec, ce n'est pas le nôtre. Je travaille à temps plein pour 700 euros par mois, et toi, Dora, tu touches moitié moins. » Et Dora le confirme : « Je viens d'être embauchée à temps complet pour 350 par mois, je le vois venir, tout le monde sera au même tarif [...] Si c'est celui-là notre avenir, alors nous revoterons Syriza. »

Les heures tournent. Samaras, grand perdant de ces élections, n'a pas réussi à former un gouvernement. Les journalistes se déchaînent sur la nécessite « d'un gouvernement responsable ». Les rumeurs les plus folles circulent sur Internet, les fausses nouvelles aussi, la guerre psychologique reprend de plus belle. La bancocratie n'est pas vaincue, et elle est encore capable d'inventer : « Attendons-nous à des surprises de taille de leur part », me disait une personne, militante au parti Syriza. Au KKE par contre, les camarades communistes sont amers : « Syriza prendra la place du Pasok dans la social-démocratie, Kouvelis avec sa "Gauche démocratique" le fait presque déjà, nous ne sommes pas de la dernière pluie au Parti communiste. Comment veulent-ils annuler ou même rafistoler le mémorandum sans quitter l'Union européenne, et sans priver les capitalistes du vrai pouvoir politique et économique ? Car le pouvoir gouvernemental à lui seul ne peut pas suffire. » C'est ainsi que le KKE a rejeté la proposition d'Alexis Tsipras mardi, encore une fois, c'est « non ».

Samaras, de la vieille droite, n'a pas pu former un gouvernement lundi. Ainsi, il s'est souvenu qu'il était « parmi les premiers à critiquer le mémorandum ». Les médias affolés suggèrent des « solutions car le pays a besoin d'être gouverné ». Ainsi, ces journalistes – perroquets de leurs patrons – insistent sur le « drame dans lequel nous sommes plongés » depuis dimanche. Sauf qu'ils omettent de dire que nous sommes toujours gouvernés, mais par les agents des Troïkans. Car il y a le feu : lundi déjà, on a noté « l'arrivée à Athènes, de la "Task Force" de la Commission européenne pour coordonner la réalisation des réformes et pour auditer les ministères. Elle est composée de 30 à 40 personnes, lesquelles vont contrôler les finances publiques, et surtout l'exécution du budget. Ces agents se sont installés dans les ministères, d'où ils contrôleront les recettes et les dépenses de l'Etat, une par une. Au même moment, on est en train de former le nouvel Observatoire permanent du mémorandum ("Permanent Monitoring"), dans l'urgence. Le chef de cette structure séjournera de façon permanente à Athènes, et ses membres seront en contact direct avec les équipes installées au sein des ministères, en temps réel. C'est une équipe parallèle à celle du FMI ; cette dernière est d'ailleurs hébergée dans un bâtiment appartenant à la Banque de Grèce. » (quotidien Tanea du 8 mai 2012).

Seulement, les Grecs savent désormais que cette fameuse « banque centrale » n'appartient pas à l'Etat et ne sert pas l'intérêt commun (évidemment). Alexis Tsipras et son parti Syriza le savent également. Sa lettre, adressée aux bancocrates, c'est à dire aux dirigeants de l'Union européenne, nous a fait sourire davantage : « Nous ne reconnaissons pas les signatures des dirigeants Pasok et Nouvelle démocratie, nous ne reconnaissons plus le mémorandum et les traités entre la Troïka et la Grèce, car non seulement ces actes sont illégaux, mais le peuple, dans son immense majorité, les désavoue. » Panagiotis Lafazanis, député Syriza, prévient même que la présence de la Troïka en Grèce est illégale, ses agents doivent quitter le pays rapidement.

Nous ne connaitrons pas toutes les suites de l'histoire ce soir-même. Le système prépare sa « solution », un plan B, peut-être avec l'aimable participation de Kouvelis dans un deuxieme temps, qui sait ? Ou encore une autre « nouveauté ». Sauf que les ingrédients d'un autre futur sont déjà dans la marmite. Dans la logique instaurée par le « mémorandisme réel », dépasser et surtout désamorcer les politiques de rigueur, puis explorer une autre orientation économique et géopolitique pour la Grèce, obliger à sortir des traités. Ce n'est pas encore très clair, mais à travers l'opinion publique on désigne déjà « l'Europe » comme initiatrice de ces politiques, et pas qu'en Grèce. Ce n'est pas encore clair certes, mais nous y sommes déjà. « Il faut former un grand parti pro-européen », répète Venizélos, et il sait pourquoi.

Ce n'est pas impossible, sauf que Syriza veut mobiliser le peuple et créer un front de gauche encore plus large et peut-être pas uniquement de gauche. J'entends autour de moi des gens qui se disent fiers de Syriza, « pour notre dignité retrouvée », c'est déjà un pas vers la liberté. D'autres, par contre, font part de leur inquiétude, comme cette personne hier matin, pendue sur son mobile, dans une rame du RER athénien : « Ah, oui je sais, il n'a pas été élu député, de toute façon c'est la catastrophe donc c'est fichu, mon affaire ne marchera pas... »

L'ancienne ordre politique s'effondre. Sur les ondes de la radio Real-FM, lundi après midi, lors d'une émission, les deux animateurs ont fait lire les messages d'auditeurs à l'antenne. Pour plus d'un tiers, ces messages concernaient l'Aube dorée. Les auditeurs ont tantôt exprimé leur indignation, tantôt félicité la progression du parti : « Je ne suis pas fasciste, mais j'ai voté pour eux, j'en ai assez de ces voleurs des partis politiques, des occupants de notre pays et des immigrés clandestins qui occupent nos villes. » Le raisonnement peut tourner en boucle sans entraves, sa « simplicité » également tournera en boucle, car on ne bâtit pas un projet de société humaniste à partir de la seule partition du désespoir et du rejet. Il en faudra davantage, à la fois dans la sphère du réel (et de l'action), puis dans la composition de l'imaginaire collectif, sauf qu'un tel imaginaire ne se fabrique pas en une campagne électorale après trente ans de népotisme, de corruption et de consumérisme. « J'ai participé au mouvement des indignés, l'été dernier. Finalement, le mémorandum m'a obligé à partir. Je vous téléphone depuis Dubaï, c'est ici que j'ai enfin trouvé du travail, disons correctement rémunéré. Je ne souhaite cet exil à personne, et l'Aube dorée est une honte pour notre pays, j'ai honte d'être Grec, tout en partageant la joie des amis de Syriza », a ajouté un autre auditeur qui suivait l'émission sur Internet.

Fait significatif, à un certain moment de l'émission, la co-animatrice a informé son collègue, « que le standard [était] submergé d'appels "insistants" de certains membres de l'Aube dorée ». « Fais attention à ce que tu dis, a-t-elle lancé à son collègue. « Ne t'inquiètes pas, je connais certains de ces garçons de l'Aube dorée, car ils aiment la nuit comme moi... Les mecs sont intéressants... Certes, je suis en désaccord politique avec eux, mais nous échangeons sur bien d'autres points », a aussitôt précisé le principal animateur, l'air pourtant gêné, car ceci devint audible rien que par le timbre de sa voix. Évidemment, il y a urgence, car entre « les mecs intéressants » des quartiers du Pirée, et ceux, tout aussi « intéressants », générateurs de la politique dictée à Bruxelles ou à Wall Street, il y a de quoi faire, surtout lorsqu'on considère qu'entre le fascisme bancocrate et son alter ego de l'Aube dorée, une autre réalité doit se construire.

Notre paysage politique change enfin. Samaras et sa droite, sous la panique, aspire à réunifier toutes les formations du « bloc européen », pensant aux prochaines élections. « Un piètre politicien, comme son copain de chambrée, Papandréou, du temps de leurs études sur le campus de l'université américaine, décidément cette Amérique... » Telle fut la pensée du jour sous un abri de bus, le premier lundi de la rentrée de l'espoir, et tout le monde a ri.
« Nous abrogerons les engagements du Mémorandum », a déclaré le député Syriza, Panagiotis Lafazanis. « Nous n'irons pas faire entrer par la fenêtre ce que le peuple a fait sortir par la porte », a rajouté Nadia Valavani (élue Syriza à Athènes), interviewée par les journalistes de la Radio skai lundi également.

Il est évident qu'autour de Syriza un nouveau mouvement s'organise. « Je soutiendrai de toutes mes forces Alexis Tsipras dans ses efforts de former un gouvernement qui abrogera le mémorandum, et qui aura comme but la reprise en main de la souveraineté nationale de notre patrie. Je lance un appel à tous les patriotes et à tous les esprits créatifs de notre pays, il faut contribuer à ce que la Grèce retrouve le chemin de l'autonomie, du progrès et de la renaissance », a déclaré Mikis Theodorakis (quotidien AVGI, proche de Syriza, dans son édition du 8 mai).

L'empire contre-attaquera sans doute dès demain, mais il a perdu une première bataille psychologique. Nous savons que nous pouvons déjà faire basculer les places boursières, rien que par le vent qui tourne. La suite sera plus longue et plus incertaine...

 

Grèce : «l'empire a perdu une première bataille psychologique»
Retrouvez Panagiotis Grigoriou sur son blog.
Partager cet article
Repost0
8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 15:45
Marianne - Mardi 8 Mai 2012 à 05:00

 

Greek Crisis
Historien et ethnologue, ancien correspondant en France pour la revue grecque Nemecis, Panagiotis... En savoir plus sur cet auteur

 

Depuis Athènes d'où il raconte régulièrement le quotidien d'une Grèce en crise, notre blogueur associé Panagiotis Grigoriou apporte son analyse de l'élection du week-end. Avec recul et anticipation, malgré son immersion.

 

(L'élection en Grèce - Thanassis Stavrakis/AP/SIPA)
(L'élection en Grèce - Thanassis Stavrakis/AP/SIPA)
« Respirez librement, respirez enfin librement, c'est la prise de la Bastille du bipartisme, l'effondrement du système collaborationniste du Pasok et de la Nouvelle Démocratie. Ce n'est qu'un début, les forces du Mémorandum, les forces de l'occupation ont été délégitimées par le vote du peuple. Nous avons résisté à la guerre économique et psychologique, nous n'avons plus peur du chantage, car le peuple grec sait désormais que les sommes prétendument prêtées à la Grèce dans le cadre des accords illégaux passés avec la Troïka, iront dans les poches de ces rapaces des marchés et aux banques. Nous pouvons désormais les menacer, et c'est aussi un message adressé à la chancellerie de Berlin. Le cobaye a bougé, il a crié, il a dit « Non ». Si finalement ils décident notre dynamitage, nous dynamiterons aussitôt toute la zone euro. Nos agents au ministère de l'Economie, vomissent chaque jour davantage la présence des contrôleurs Allemands au sein de leurs services. Les Allemands sont encore là, mais ils partiront par un vol direct Lufthansa, au départ de l'aéroport d'Athènes. Par la même occasion, tous les médias contrôlés par les armateurs ou par les promoteurs BTP, viennent de recevoir aussi une raclée historique, les peuple a préféré les ignorer. Il ont été délégitimés, ainsi que toute la politique du Mémorandum avec, bon débarras, la lutte continue. »

Voilà en résumé, la prose du journaliste Georges Trangas ce matin sur la radio Real-Fm. Trangas a bu du petit lait car l'histoire immédiate lui donne raison, sur la plus longue durée par contre, rien n'est encore certain.

Mais d'abord les résultats :

Grèce libre?
Sur 99,42 % des bureaux de vote (lundi midi) :

Inscrits : 9.901.323
Participation : 65,06 %
Bulletins blancs/nuls 2,36 %

Voix exprimées : formations qui n'entrent pas au Parlement : 19,03 %
(seuil : 3 %)


(*) Formations politiques exprimant clairement leur opposition au Mémorandum.

 

Les journalistes mainstream avaient tous mauvaise mine dimanche soir derrière les écrans, dont le plasma se vidait au fil de la soirée. À minuit passé, des journalistes à la radio et à la télévision, évoquaient déjà « cette nouvelle époque du méta-mémorandum ». D'autres journalistes à la télévision encore, n'arrivaient plus à contenir, à dissimuler leur douleur. Leurs efforts dans la « systématisation intégrale», n'ont pas été couronnés de succès. S'exprimant en serrant leurs les dents, ils ont encore répété la même messe : « il faut honorer nos signatures, le FMI, la Troïka vont interrompre le financement ». En effet, ces « perroquets du système » comme on les surnomme chez nous, ont tout juste précédé de quelques heures la menace du FMI, allant dans ce sens : « La Troïka, reviendra en Grèce lorsque le nouveau gouvernement sera formé. Ce nouveau gouvernement doit confirmer les engagements pris, par le précédent gouvernement ». Peine perdue ?

Non, l'époque du méta-mémorandum n'est pas encore venue. Pourtant, l'air d'un autre temps, d'un autre calendrier politique, a soufflé très fort. Cet air du temps est d'abord celui de la dignité. Depuis, notre instantané historique se déchire enfin comme il se doit, en deux morceaux. L'ancien système politique du bipartisme a reçu un coup mortel, tandis que l'improbable (?) nouvelle coalition des anti-Mémorandum, ne se réalise pas encore. Même ce Vénizélos de l'ultime Pasok vient d'admettre que « l'ancien bipartisme n'a plus la légitimité nécessaire pour gouverner ». Il propose donc l'idée d'un gouvernent « national de coalition non pas sur la ligne de fracture du Mémorandum, mais sur celle existante, entre forces favorables à l'Europe et les autres », d'autres « journalistes », lancent ainsi l'idée d'un gouvernement « technocrate, pour ainsi garder une certaine stabilité, indispensable aux reformes entreprises ». C'est une honte. Le grand journal du soir en France, a adopté (sur son site), le même syllogisme : « Percée des néonazis en Grèce, Vénizélos appelle à l'union nationale. L'effondrement des partis de gouvernement à l'élection législative pourrait empêcher la formation d'un gouvernement de coalition pour poursuivre la politique de rigueur dictée par l'UE et le FMI ».

Les masques tombent, sauf que les lecteurs du Monde ne le réalisent pas encore. La percée de l'extrême droite nazifiante en Grèce est aussi... un élément rassurant si on analyse la situation autrement. Car je peux supposer par exemple, qu'après une telle politique du choc, pareillement appliquée en si peu de temps à d'autres pays de l'Europe occidentale, l'extrême droite, serait en phase de devenir vraisemblablement la première formation politique dans ces pays. Je trouve donc, que pour l'instant en tout cas, la Grèce a plutôt bien résisté à cette percée de l'extrême droite. Ensuite, le syllogisme suggéré par les rédacteurs du grand quotidien français, contient involontairement et en filigrane, la seule analyse juste de la situation. Car le vrai problème n'est pas l'extrême droite, mais plutôt, la poursuite de la politique de rigueur dictée par l'UE et le FMI, et celle-ci, n'est plus une affaire grecque me semble-t-il. C'est ainsi que le fascisme bancocrate est plus dangereux à mes yeux que celui des « néo-nazifiants » de toute sorte, et pour une raison évidente : c'est précisément ce premier fascisme qui est à l'origine du second, ainsi les larmes de crocodile au journal du soir ou au sein des instances de l'UE sur la percée de l'extrême droite en Europe, ne peuvent émouvoir que les lobotomisés du raisonnement politique.

Il se trouve alors que de nombreux grecs prennent conscience de cette grande fraude à l'échelle du continent Européen, à savoir le grand razzia sur ses peuples. L'incontestable gagnant de ces élections en Grèce, est le parti de la gauche radicale Syriza (16%), (à part l'extrême droite de l'Aube Dorée). 
Syriza arrive d'ailleurs en tête à Athènes, au Pirée et dans les grandes villes, ce qui peut annoncer le tempo de l'avenir sur le reste du pays. Et si la Grèce devient-telle, presque ingouvernable c'est parce que la loi électorale attribue les premiers deux cent cinquante sièges du Parlement par la règle proportionnelle, puis, les cinquante qui restent, sont « offerts en cadeau » au premier parti. Seulement, même ainsi, le bipartisme de la Baronnie a reçu un coup mortel. Pour la même raison, le parti communiste a été presque sanctionné, car il a réussi à peine d'améliorer son score, dans un contexte où la gauche dans son ensemble a doublé le nombre de ses voix. Je précise pour éviter tout malentendu, que lorsqu'en Grèce on dit « la gauche », ce n'est pas au Pasok que nous pensons, ce dernier, « est considéré comme étant un parti anti-populaire et anti-national, car il appartient à la bancocratie », selon les représentations collectives, après deux ans de Mémorandum.

Ce matin, dans un café athénien on ne disait pas autre chose : « Je suis enseignant, j'ai toujours voté Pasok jusqu'en 2009, je me considère toujours comme socialiste, mais je ne voterai plus jamais Pasok dans ma vie, c'est terminé, ces gens veulent nous faire mourir pour arranger les banques. À nos écoles, nous n'appliquerons pas la reforme dictée par l'Europe, nous n'avons plus peur. Ils veulent augmenter notre temps de travail alors que nos salaires ont été diminués. J'ai perdu 470 euros par mois sur les 1 400 que je touchais, il y a un an environ. Je pense aussi que désormais, nous pouvons ne plus payer les taxes exceptionnelles, surtout en cas de chômage, c'est la fin de la terreur ».

Voilà ce qui est déjà acquis ce lundi : pouvoir rêver. Tous les autres leviers, restent aux mains des bancocrates, sauf l'air du temps. Nos visages sont plus joyeux, exceptés ceux des adeptes du Pasokisme, plongeant très profondément dans leurs journaux ce matin. Le quotidien Ta Nea par exemple, qui a bien choisi son titre : « Le cauchemar d'un pays ingouvernable », mais « cauchemar », pour qui d'abord ? L'horizon demeure brouillé. Rien n'est définitif, sauf la fin du Pasok et de la Nouvelle Démocratie du Mémorandum. Tôt ou tard, on comprendra peut-être que pour se délivrer du Mémorandum, il va falloir se défaire aussi de l'Union Européenne, ainsi que de nos propres errements. En même temps, il faut bâtir une autre politique étrangère, plus équilibrée et moins exclusive. Ce n'est guère évident. Patience, l'avenir devient enfin incertain et chaotique. Bienvenue au pays d'Hésiode.

 

Retrouvez Panagiotis Grigoriou sur son blog.

 

Grèce libre?
Partager cet article
Repost0
8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 15:37

 

 

Explicateur 08/05/2012 à 16h26
Marièke Poulat | Rue89Imprimer
 

Alexis Tsipras après le résultat des élections législatives à Athènes, le 6 mai 2012 (ARIS MESSINIS/AFP)

 

Dimanche, le parti de gauche radicale Syriza a créé la surprise en Grèce en rassemblant 16,5% des voix aux élections législatives anticipées. Mené par Alexis Tsipras, le parti a triplé son score de 2009 et a raflé 52 sièges à la Vouli, la Chambre des députés grecque, devenant ainsi le premier parti de gauche du Parlement.

1 D’où sort Syriza ?

 

« Vague rouge », « tsunami électoral » : deuxième parti de la Vouli (après Nouvelle démocratie, parti conservateur) et premier de gauche avec 16,5%, le Syriza semble sorti de nulle part. Ce parti de la gauche radicale ne date pourtant pas de la crise financière. Nikos Sigalas, chercheur à l’Institut français des études anatoliennes (Ifea), explique qu’il trouve ses racines dans la scission du Parti communiste grec :

« Dans les années 70, à l’image de ce qui s’est passé en Italie, le parti communiste s’est divisé entre les communistes favorables à l’influence de l’Union soviétique et ceux qui préféraient s’en détacher. Syriza [fondé au début des années 2000, ndlr], est issu des courants communistes qui souhaitaient devenir indépendant de Moscou : la partie proeuropéenne du parti communiste. »

Le Parti communiste de Grèce, le KKE, a réalisé 8,48% aux élections législatives, soit une augmentation de 0,9 points par rapport à 2009 ; Syriza, lui, a explosé, de 4,6% à 16,5%.

2 Quelle est sa position sur l’Europe ?

 

Syriza critique ouvertement le « memorendum » par lequel la Grèce a engagé un sévère plan d’austérité en échange de crédits internationaux. Inquiet d’être doublé par sa gauche, le Pasok (gauche) a accusé Syriza de verser dans une dérive antieuropéenne et de préparer la sortie du pays de la zone euro, voire de l’UE.

Une menace qu’Alexis Tsipras, chef de file de Syriza, a balayé cette critique d’un revers de main :

« Affirmer que notre appartenance à l’euro est en danger est un mythe construit de toutes pièces, un chantage exercé par les partis favorables aux plans de renflouement et un outil visant à pressurer le peuple afin qu’il accepte des mesures qui nous amèneront la misère. »

Jean Marcou, professeur à l’Institut d’études politiques de Grenoble sur la politique des Etats du Sud de l’Europe, notamment de la Grèce, lui donne raison :

« Le Syriza n’est pas hostile à l’Europe. Bien au contraire : il est issu des courants communistes favorables à l’Europe et à la construction européenne. Cependant, il refuse l’Europe telle qu’elle a été construite : une Europe économique, de l’austérité... Il veut une Europe aux politiques sociales, favorisant la croissance. »

Comme François Hollande, souligne Nikos Sigalas :

« La candidature de François Hollande, contre l’Europe de l’austérité, a été utilisée par le Syriza durant sa campagne. En montrant qu’un candidat éligible en France proposait l’introduction d’un volet sur la croissance européenne, le parti grec a souligné sa propre crédibilité. »

Plus qu’une sortie de l’Europe et de l’euro, les chevaux de bataille du parti sont le gel du remboursement de la dette grecque et la renégociation du plan d’aide européen.

3 Pourquoi un tel succès ?

 

La crise a joué un rôle évident dans le score de Syriza. Le parti a rassemblé les déçus des deux partis majoritaires habituels que sont Nouvelle démocratie à droite, et Pasok à gauche.

Jean Marcou rappelle que ce mouvement avait été amorcé dès 2009 :

« Cet effritement des partis majoritaires avait déjà eu lieu lors des précédentes législatives en 2009. Le Syriza avait alors réalisé un peu moins de 5%. Dans le contexte de 2009, il s’agissait déjà d’un frémissement important, à l’image de ce qui s’est déroulé au Portugal. »

Le parti a aussi profité du dynamisme de son jeune leader, Alexis Tsipras, âgé de 37 ans. Pour Nikos Silagas, il est plus proche d’un Olivier Besancenot que d’un Jean-Luc Mélenchon :

« C’est un bon gars. Un bon jeune homme, dynamique. Il s’était fait remarquer au moment des émeutes lycéennes qui se sont déroulées au début des années 90 en Grèce, contre des réformes de l’éducation. Quand il a intégré le parti, il en a dépoussiéré l’image vieillisante. Il est très apprécié en Grèce. »

Il avait choqué en appuyant les émeutes grecques contre les mesures d’austérités.

4 Est-il apte à gouverner ?

 

Là est la plus forte inconnue. Jean Marcou remarque :

« La situation est totalement nouvelle, avec l’apparition de forces politiques qui n’ont jamais gouverné. C’est une grande première, avec une réduction des partis de gouvernement que sont Nouvelle démocratie et le Pasok. C’est presque une remise en cause du système parlementaire grec tel qu’il a existé jusqu’ici depuis 1975. »

En plus du renforcement de Syriza à gauche, de nouveaux partis comme Grecs indépendants (droite souverainiste) ou Aube dorée (néo-nazi), ont émergé lors de cette élection. Dans un système parlementaire tel que celui de la Grèce, la capacité à gouverner équivaut à la capacité à faire des alliances.

Nikos Sigalas décrit :

« Tout le monde attend maintenant que le Syriza présente au Président une bonne proposition de coalition. Je pense que le parti espère que Nouvelle démocratie n’arrivera pas à rassembler et tentera de présenter une alternative à gauche. Mais ça va être très dur... »

Le président de la République, Karolos Papoulias, vient de donner trois jours au parti Nouvelle démocratie pour former un gouvernement. Alexis Tsipras a déjà fait savoir à Antonis Samaras, le dirigeant de ND, qu’il refusait toute alliance avec son parti. Si ce dernier ne parvient pas à trouver un accord, ce sera à Syriza, qui a réalisé le second meilleur score, de proposer une coalition.

Partager cet article
Repost0
7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 13:49

 

 

LE MONDE | 07.05.2012 à 11h01 • Mis à jour le 07.05.2012 à 15h00

Par Alain Salles (Athènes, correspondant)

 
 
A Athènes, le 6 mai au soir, Alexis Stipras, le chef de coalition de la gauche radicale, dont le parti, Syriza, est devenu la deuxième force politique après les élections législatives grecques.

La surprise est venue d'extrême gauche. Dotée de 4,6 % des voix en 2009, la coalition de la gauche radicale (Syriza) est devenue le parti numéro deux du paysage politique grec, avec 16,75 % des voix, trois points derrière Nouvelle Démocratie (ND, droite) et surtout devant le Pasok, qui domine le paysage de la gauche depuis 1981.

Si Antonis Samaras, chef de ND, arrivée en tête, ne parvient pas à former un gouvernement, le président de la République devra donc demander à Alexis Tsipras, dirigeant du Syriza, de faire la même tentative.  

"Notre programme est un gouvernement de gauche qui annule le mémorandum. Nous ferons tout pour que le pays ait un gouvernement qui dénonce l'accord de prêt", a expliqué M. Tsipras, qui s'est félicité de ce "message de révolution pacifique".

Très hostile aux mémorandums signés avec la "troïka", qui imposent de sévères mesures d'austérité, M. Tsipras est favorable au maintien de la Grèce dans la zone euro.

UNE STRATÉGIE PROCHE DE CELLE DU FRONT DE GAUCHE

Le Syriza a construit son succès en s'adressant aux jeunes. "Il a mené une campagne cohérente et claire qui a séduit d'anciens électeurs déçus du Pasok et les jeunes. Il arrive en tête dans de nombreuses zones urbaines", explique l'analyste politique Georges Sefertzis.

Le parti doit son succès au style de son leader, un ingénieur de 37 ans qui tranche dans une classe politique en mal de renouvellement. Si son allure rappelle, en France, celle de l'ancien porte-parole du NPA Olivier Besancenot, sa stratégie est plus proche du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon.

Le Syriza regroupe différents petits partis de gauche et d'anciens communistes, comme M. Tsipras lui-même. Il a également fait plusieurs tentatives pour rassembler les partis de gauche hostiles au mémorandum, mais s'est heurté aux refus du Parti communiste grec (KKE) et de la Gauche démocratique, un parti dissident du Syriza. Le KKE (8,4%) n'améliore que d'un point son score de 2009, tandis que la Gauche démocratique (6 %) est loin du score que lui prédisaient les sondages.

Alexis Tsipras a su s'entourer d'intellectuels et de grandes figures comme Manolis Glezos, le héros grec qui décrocha le drapeau nazi de l'Acropole en 1941. Triste ironie du sort, l'infatigable militant de 89 ans reviendra au Parlement comme député du Syriza, au moment où un parti néonazi, Aube dorée, y fait son entrée, avec près de 7 % des suffrages.

Alain Salles (Athènes, correspondant)

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22