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18 février 2017 6 18 /02 /février /2017 21:41

 

 

Source : http://www.midilibre.fr

 

 

160 000 manifestants à Barcelone pour l'accueil des réfugiés en Espagne

160 000 manifestants à Barcelone pour l'accueil des réfugiés en Espagne

160 000 personnes ont participé samedi à une manifestation à Barcelone.

AFP JOSEP LAGO

 

 

Quelque 160 000 personnes ont participé samedi à une manifestation à Barcelone pour réclamer que l'Espagne accueille "dès maintenant" des milliers de réfugiés comme elle s'y était engagée en 2015, selon une estimation de la police municipale. 

La maire de gauche de la deuxième ville d'Espagne, Ada Colau, avait appelé les manifestants à "emplir les rues" pour cette marche intitulée "nous voulons accueillir" ("volem acollir", en catalan). Vers 17h00 locales (16h00 GMT), la Via Laietana - avenue traversant la vieille ville jusqu'au port - était pleine de manifestants, a constaté le photographe de l'AFP. Ils étaient nombreux à porter sur eux la pancarte "plus d'excuses, accueillons maintenant". Le défilé était organisé par la plateforme "Chez nous c'est chez vous" ("Casa nostra casa vostra", en catalan).

 
 

En vertu de ses engagements envers l'Union européenne, l'Espagne devait recevoir quelque 16.000 candidats à l'asile déjà admis dans d'autres pays, à partir de 2015. Mais seuls 1.100 sont arrivés jusqu'à présent. Céramiste de 62 ans, Jacint Comelles manifestait avec famille et amis: En Europe, "très peu a été fait, particulièrement en Espagne", a-t-il dit à l'AFP. "Nous réclamons ce minimum de dignité, qu'au moins ce nombre de réfugiés-là puisse arriver", plaidait ce manifestant, assurant: "en Catalogne, tout est prêt pour les accueillir".

Espagne: manifestation géante à Barcelone pour l'accueil des réfugiés http://buff.ly/2m9a1KO 

La manifestation s'est terminée symboliquement au bord de la mer Méditerranée où plus de 5.000 migrants ont péri en 2016. Une série d'interventions étaient ensuite retransmises en direct à la télévision catalane. "Nous sommes victimes de la guerre", a témoigné une réfugiée syrienne, Meera Zaroor. "Nous voulons que le dictateur (Bachar al-Assad, ndlr) et l'organisation Etat islamique - qui sont les deux faces d'une même médaille - s'en aillent et nous pourrons rentrer au pays", a-t-elle dit, interrompue par les applaudissements.

 

 

 

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19 décembre 2016 1 19 /12 /décembre /2016 22:46

 

Source : http://fr.euronews.com

 

Espagne: les syndicats mettent la pression sur Rajoy

 

18/12/2016

 

 

Mettre la pression d’entrée sur le gouvernement de Rajoy. C‘était l’objectif de la manifestation de dimanche à Madrid. Organisée par les deux syndicats espagnols majoritaires, l’UGT et la CCOO, le rassemblement a mobilisé près de 30 000 personnes selon les organisateurs. Réunis pour obtenir un retour aux droits sociaux d’avant la crise de 2010. “Ces manifestations continueront si nécésssaire. Cela dépend seulement de la capacité du gouvernement à dialoguer, à négocier et passer des accords”, prévenu Josep Maria Alvarez, secrétaire général de l’UGT.

Dans le cortège, en plus des syndicats; des représentants de la gauche espagnole, certains membres du Parti socialiste dont Mario Jiménez, porte-parole du parti ou Pablo Iglesias de Podemos.

Côté gouvernement, la ministre du Travail, Fátima Báñez a expliqué attendre que les syndicats s’assoient à la table des négociations

 

 

Source : http://fr.euronews.com

 

 

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11 novembre 2016 5 11 /11 /novembre /2016 18:31

 

 

 

Espagne : L’enjeu de l’audit de la dette des municipalités et du manifeste d’Oviedo. Désobéir aux créanciers pour rompre avec l’austérité

 

 

11 novembre par Eric Toussaint , Fátima Martín

 

 

 

 

L’expérience démontre que des mouvements de gauche peuvent parvenir au gouvernement sans pour autant arriver réellement au pouvoir. La démocratie, c’est à dire l’exercice du pouvoir par le peuple et pour le peuple, requiert bien davantage. Le problème s’est posé en Grèce en 2015 avec Syriza et se posera à l’avenir avec les forces du changement en Espagne et dans d’autres pays européens.

 

La question se pose pour tout mouvement de gauche qui parvient au gouvernement dans une société capitaliste. Lorsqu’une coalition ou un parti de gauche parvient au gouvernement, il n’obtient pas le pouvoir réel. Le pouvoir économique (la propriété et le contrôle des groupes financiers et industriels, des grands moyens de communication, des grandes enseignes commerciales, etc.) demeure entre les mains de la classe capitaliste, c’est à dire le 1 % le plus riche. Cette classe capitaliste contrôle l’État, le pouvoir judiciaire, les Ministères de l’Économie et des Finances, la Banque centrale... En Grèce et en Espagne, comme dans d’autres pays, un gouvernement déterminé à exercer des changements structurels devra entrer en conflit avec le pouvoir économique pour affaiblir et ensuite mettre fin au contrôle de la classe capitaliste sur les grands moyens de production, de services, de communication et sur l’appareil d’État.

 

Si les gouvernements de gauche veulent réellement rompre avec les politiques d’austérité et les privatisations qui ont cours actuellement dans toute l’Europe, ils entreront immédiatement en conflit avec les puissantes forces conservatrices tant au niveau national qu’au niveau européen. Et ce par le simple fait d’affirmer que le gouvernement désire appliquer les mesures demandées par la population qui rejette l’austérité. Chaque gouvernement véritablement de gauche fera face à une dure opposition des instances européennes, de la majorité des gouvernements de l’Union européenne ainsi que des dirigeants et grands actionnaires des principales entreprises privées, sans oublier le FMI.

 

Même en autolimitant son programme de changement, chaque gouvernement de gauche fera face à une forte opposition. En effet, les classes dominantes et les instances européennes (intimement liées et solidaires) veulent aller plus loin encore dans l’attaque concertée au niveau européen contre les droits économiques et sociaux des peuples, sans oublier leur volonté de limiter fortement l’exercice des droits démocratiques |1|.

 

Il est illusoire de penser pouvoir convaincre les autorités européennes et les dirigeants des grandes entreprises (principalement financières et industrielles) d’abandonner le cours néolibéral qui a été renforcé depuis 2010. Alors que François Hollande et Matteo Renzi ont timidement proposé de diminuer l’austérité, ils visent en même temps à transposer le modèle allemand dans leurs pays respectifs |2|. Or, ce modèle allemand se traduit par la précarisation la plus avancée des droits de négociation collective et de la protection des conquêtes des travailleurs. Ils n’ont pas non plus été les alliés du peuple grec au cours de l’année 2015 qui fut décisive et ne le seront pas à l’avenir pour soutenir de réelles forces de gauche dans d’autres pays européens.

 

La conclusion qui s’impose est qu’il n’y aura pas de chemin facile pour la mise en route d’un programme économique et social de rupture avec l’austérité et les privatisations. Les gouvernements de gauche devront désobéir aux créanciers, aux autorités européennes et au FMI (lesquels se confondent largement) pour respecter leurs promesses électorales. Le degré de rejet de l’austérité et des politiques européennes est tel qu’il permet à ces gouvernements de gauche de bénéficier d’une légitimité et d’un appui considérable. Le refus du paiement d’une partie substantielle de la dette constituera un élément clé dans la stratégie du gouvernement, de même que la décision de mettre fin aux privatisations et de rétablir pleinement les droits sociaux affectés par les politiques d’austérité. Il s’agit là d’une combinaison vitale.

 

La réduction radicale du stock de la dette et la diminution drastique de la partie du budget consacrée au paiement de la dette est une condition sine qua non pour pouvoir augmenter massivement les dépenses sociales et les investissements nécessaires pour financer la transition écologique et la création d’emplois.

 

Un gouvernement de gauche doit socialiser le secteur bancaire (c’est à dire procéder à l’expropriation du capital des grands actionnaires privés et transformer les banques en un service public sous contrôle citoyen |3|). Il doit par ailleurs prendre des mesures strictes de contrôle des mouvements de capitaux, collecter un impôt sur le patrimoine du 1 % le plus riche, refuser les emprunts conditionnés à la poursuite de l’austérité et des privatisations, refuser le paiement d’une dette largement illégitime, illégale, insoutenable du point de vue de l’exercice des droits humains, y compris odieuse. L’audit de la dette avec participation citoyenne active est l’un des nombreux instruments dont dispose un gouvernement de gauche pour favoriser la participation et le soutien de la population et qui lui permet en même temps de renforcer sa position face aux créanciers. L’audit a pour objectif d’identifier la partie de la dette qui ne doit pas être remboursée, en d’autres termes qui doit être répudiée.

 

Sans prétendre à l’exhaustivité on peut avancer les définitions suivantes :

 

Dette publique illégitime : dette contractée par les pouvoirs publics sans respecter l’intérêt général ou contractée pour favoriser particulier d’une minorité privilégiée.

 

Dette illégale : dette contractée en violation de l’ordre juridique ou constitutionnel applicable.

 

Dette publique odieuse : crédits liés à la mise en place de politiques qui violent les droits sociaux, économiques, culturels, civils ou politiques des populations affectées par le paiement de ladite dette, en connaissance de cause des créanciers. Par exemple, la dette contractée pour sauver les banques espagnoles en application des politiques dictées par la Commission européenne pour imposer davantage d’austérité qui viole les droits économiques et sociaux de la population |4|.

 

Dette publique insoutenable : dette dont le remboursement empêche les pouvoirs publics de garantir les droits humains fondamentaux.

 

Le point 9 de l’article 7 du Règlement n°472/2013 du Parlement et du Conseil européens du 21 mai 2013 - règlement que nous avions déjà dénoncé car il constitue la mise sous tutelle des États membres soumis aux plans d’ajustement structurel - prescrit cependant à ces pays la réalisation d’un audit intégral afin de déterminer les raisons de l’augmentation exagérée de l’endettement et de révéler d’éventuelles irrégularités. Le texte complet du point 9 dudit article 7 dispose que : « Un État membre soumis à un programme d’ajustement macroéconomique effectuera un audit exhaustif de ses finances publiques afin entre autres d’évaluer les raisons pour lesquelles on a atteint des niveaux excessifs d’endettement et de détecter toute possible irrégularité |5|. »

 

Le gouvernement grec d’Antonis Samaras (2012-2014) s’est abstenu d’appliquer cette disposition du règlement pour cacher ainsi à la population grecque les véritables motifs de l’augmentation de la dette et les irrégularités qui y sont liées. Les autres gouvernements européens sous assistance financière, y compris celui de Mariano Rajoy |6|, n’ont pas davantage effectué d’audit. La Commission européenne n’exige pas cet audit car elle s’est rendue compte que cette disposition du règlement est susceptible d’aller à l’encontre de ses intérêts et de ceux des créanciers. Nous plaidons pour qu’un gouvernement de gauche prenne des mesures unilatérales d’autodéfense face aux impositions injustes des institutions européennes. Il est nécessaire de désobéir en s’appuyant sur cet article du règlement européen que les gouvernements qui imposent l’austérité et la Commission européenne n’appliquent pas.

 


L’enjeu de l’audit de la dette des municipalités

Après plus de 5 années d’austérité imposée par l’Union européenne en connivence avec les gouvernements espagnols de Zapatero et Rajoy, les « municipalités dites du changement » |7| ont commencé à se rebeller contre cette situation. En 2011, l’article 135 de la Constitution espagnole avait été modifié pour donner la priorité absolue au paiement de la dette |8|. Par la suite surgirent des lois « austéritaires » comme la loi de stabilisation budgétaire et la loi « Montoro » relative aux administrations locales |9|. La mise en œuvre de ces lois détruit l’autonomie des municipalités et des gouvernements autonomes et attaque les droits des citoyens. Nous considérons qu’il s’agit de lois particulièrement injustes imposées sans légitimité démocratique. De fait, la loi « Montoro » a été déclarée partiellement inconstitutionnelle |10|.

 

La socialisation des pertes à laquelle a donné lieu le sauvetage bancaires espagnol s’est poursuivie avec des mesures comme le « Plan de paiement des fournisseurs » (Plan de pago a Proveedores, FFPP) des municipalités ou le « Fonds de liquidités à destination des Communautés autonomes » (Fondo de Liquidez Autonómico, FLA) qui, au lieu de servir l’intérêt général, ont en réalité servi l’intérêt des banques. Celles-ci ont prélevé un intérêt jusqu’à 26 fois supérieur à celui auxquelles elles empruntent auprès de la Banque centrale européenne (BCE).

 

Le 20 novembre 2015, la municipalité de Cadix, dont le maire José María González dit « Kichi » est à la tête d’une équipe municipale composée de mouvements favorables au changement |11|, a présenté une motion en ce sens, mais elle n’a pas été approuvée par l’opposition. Cette motion mettait en avant que la dette de 90 millions d’euros liée au « Plan de paiement des fournisseurs » avait généré un surcoût de 14 millions d’euros d’intérêts abusifs. L’argument en faveur de l’illégitimité de ce surcoût était la différence abusive entre le taux auxquelles les banques avaient emprunté auprès de la Banque centrale européenne (0,25 % en 2013) et le taux d’intérêt (de 3,34 %) auxquelles ces mêmes banques avaient prêté aux municipalités. Le différentiel étant ici de 1 à 13 |12|.

 

Un autre élément qui atteste de l’illégitimité de ces « Plans de paiement des fournisseurs » et « Fonds de liquidités à destination des Communautés autonomes » est leur utilisation électoraliste de la part du gouvernement de Mariano Rajoy pour soutenir son parti. Au cours de l’année électorale 2015, il a éliminé les intérêts que les municipalités devaient payer aux banques et a fixé à 1,31 % à partir de 2016 et pour une période de 7 ans le taux d’intérêt qui serait octroyé aux banques. Ce qu’il faut comprendre c’est que si Rajoy, par décision de gouvernement, impose aux banques de prélever un intérêt moindre, c’est que les taux prélevés précédemment étaient clairement abusifs. Cela démontre également que même le gouvernement du Parti populaire (droite) peut lorsque cela l’arrange prendre une décision contre les banques pour diminuer la dette |13|. Cela étant, le taux de 1,31 % demeure illégitime tenant en compte que les banques se financent depuis mars 2016 auprès de la BCE à un taux de 0 % |14|.

 

Le Plan de pai

ement aux fournisseurs peut également être un moyen de blanchir des dettes illégales. L’audit pourrait montrer des années après comment une municipalité aurait contracté une dette commerciale illégale. Avec le Plan de paiement aux fournisseurs, cette dette commerciale a été transformée en dette financière. Le créancier n’étant plus l’entreprise commerciale mais une banque. Cette restructuration de dettes, comparable à ce qui s’est passé en Amérique latine ou en Grèce, s’est faite dans l’intérêt de la banque et sert en plus à blanchir une dette illégale. Lorsqu’un délit est lié à la contraction d’une dette, il ne disparaît pas lorsque cette dette change de mains, quand bien même tel était l’objectif.

 

Au cours de cette année 2016, le gouvernement « en affaires courantes » de Mariano Rajoy n’a pas cessé d’appliquer l’austérité, en obéissant servilement à une Commission européenne de plus en plus affaiblie et discréditée. Le ministre des finances et des administrations publiques, Cristóbal Montoro - le même qui a signé l’amnistie fiscale de 2012 - a envoyé des courriers menaçants aux municipalités pour leur ordonner la fermeture des entreprises offrant des services publics fondamentaux comme l’épuration des eaux usées ou le transport urbain. Sa « dictature politique » a amené les municipalités à entrer en résistance et la Fédération espagnole des Municipalités et Provinces (FEMP), présidée par un maire du PSOE (parti socialiste), a exigé un moratoire de la « Loi Montoro ».

 

L’exigence de fermeture des entreprises publiques locales est très mal passée puisque les municipalités sont les entités les moins endettées, à hauteur de 3,2 % du PIB. A comparer avec le taux d’endettement des Communautés autonomes qui est de l’ordre de 24,9 % du PIB. Le total de la dette publique au second trimestre 2016 a atteint 101 % du PIB.

 

Les Communautés autonomes subissent aussi les pressions du Ministre Montoro qui a exigé des mesures d’austérité en exerçant un chantage avec le Fonds de liquidités qui leur est destiné (FLA). Or, lors de la réunion d’avril 2016, le Conseil de politique budgétaire et financière en charge de la coordination de l’activité financière des Communautés et des finances de l’État, il y a eu un consensus absolu de toutes les Communautés Autonomes de toutes couleurs politiques pour contester la politique de répartition du déficit ainsi que de l’objectif exigé par Bruxelles |15|.

 

Notre activité en tant que Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM) et en tant que Plateforme espagnole d’audit citoyen de la dette (PACD) s’inscrit dans cette défense de la souveraineté populaire et de la dignité contre l’austérité et la dictature de la dette. Nous soutenons la réalisation d’audits citoyens. Il est nécessaire que les gouvernements du changement soutiennent la volonté des citoyens d’identifier les dettes illégitimes. Ces gouvernements devraient stimuler et apporter leur concours aux audits qui ne peuvent se limiter à un simple exercice démocratique mais qui doivent déboucher sur une pratique pour en finir avec le paiement des dettes illégitimes et punir les responsables.

 

Si on paie les créanciers, notre dette n’est pas leur problème. Comme le dit un proverbe populaire : si vous avez une dette de 1000 euros à l’égard de votre banque et que vous ne pouvez pas la payer, le problème est le vôtre. S’il s’agit d’une dette de 10 millions d’euros et qu’elle n’est pas remboursée, c’est la banque qui a un problème.

 

Nous savons que rien de cela ne sera possible sans une mobilisation nécessaire et indispensable. Si le mouvement citoyen, les mouvements sociaux, les militant-e-s et membres des forces de gauche abandonnent la question du refus de paiement de la dette illégitime dans l’État espagnol et se limitent à la revendication d’une simple restructuration, on aboutira à une déception comme dans le cas de la Grèce. De ce fait, il est nécessaire de maintenir l’importance de ce combat et de jeter toutes ses forces dans la bataille.

 

L’exemple le plus récent est le Manifeste d’Oviedo |16| qui propose un front des municipalités, communautés autonomes et nationalités de l’État espagnol contre la dette illégitime. Celui-ci a reçu l’appui de près de 600 conseillers municipaux et députés de différents territoires et partis politiques et est ouvert aux mouvements sociaux, activistes et citoyens.

 

Fátima Martin |17| et Éric Toussaint |18|


Traduction : Virginie de Romanet

 
Notes

|1| Eric Toussaint, « Union européenne : conquêtes démocratiques et sociales radicalement remises en cause », 16 décembre 2014, http://www.cadtm.org/Union-europeenne-conquetes

|2| Eric Toussaint, « Le modèle allemand et l’offensive contre les droits sociaux », 7 janvier 2015, http://www.cadtm.org/Le-modele-allemand-et-l-offensive

|3| Voir : Éric Toussaint, Michel Husson, Patrick Saurin, Stavros Tombazos, Miguel Urbán Crespo, « Que faire des banques ? Version 2.0. Mesures immédiates pour aller vers la socialisation », 25 mars 2016, http://www.cadtm.org/Que-faire-des-banques-Version-2-0

|4| Voir en espagnol : https://www.boe.es/diario_boe/txt.p...

|5| Règlement n°472/2013 du Parlement et du Conseil européens du 21 mai 2013 sur le renforcement de la supervision économique et budgétaire des États membres de la zone Euro connaissant ou risquant de connaître de sérieuses difficultés du point de vue de leur stabilité financière. Disponible sur : http://eur-lex.europa.eu/legal-cont...

|6| Le gouvernement de Rajoy est sous assistance financière via le Fonds européen de stabilité financière (FESF).

|7| Ces municipalités qui à l’issue des élections municipales du 24 mai 2015, sont gouvernées par de nouvelles formations « populaires » nées dans la foulée du mouvement des Indignés de 2011 et qui regroupe divers partis politiques progressistes et sont généralement appuyées par des mouvements sociaux. C’est le cas à Madrid avec Ahora Madrid, à Barcelone avec Barcelona en Comú, à Valence avec València en Comú, à Zaragoza avec Ganemos Zaragoza en Común, à Cadiz avec Por Cadiz sí se puede et Ganar Cádiz en Común...

|8| Réforme de l’article 135 de la Constitution espagnole, du 27 septembre 2011. Voir en espagnol le Bulletin officiel de l’État : http://www.boe.es/diario_boe/txt.ph...

|9| Loi de stabilisation budgétaire : Loi organique 2/2012, du 27 avril, de stabilisation budgétaire et de soutenabilité financière. Voir en espagnol le Bulletin officiel de l’État : https://boe.es/buscar/act.php?id=BO...
La Loi Montoro limite les dépenses des municipalités aux dépens des services publics pour satisfaire le service de la dette : Loi 27/2013, du 27 décembre, de rationalisation et soutenabilité de l’administration locale. Voir en espagnol le Bulletin officiel de l’État : https://www.boe.es/boe/dias/2013/12...

|10| Lire en espagnol : Fátima Martín, « España : Ayuntamientos en pie de guerra exigen una moratoria de la austeritaria Ley Montoro, declarada parcialmente inconstitucional », 31 août 2016, http://www.cadtm.org/Espana-Ayuntamientos-en-pie-de

|11| Il s’agit des mouvements Sí se puede Cádiz et Ganar Cádiz qui coexistent à côté des partis traditionnels.

|12| Voir : Fátima Martín, Gouvernement municipal de Cadix, « Le gouvernement municipal de Cadix juge que la majeure partie de la dette de la Ville devrait être considérée comme illégitime », 7 mars 2016, http://www.cadtm.org/Le-gouvernement-municipal-de-Cadix

|13| Éric Toussaint, « En Espagne, il est fondamental que les municipalités du changement constituent un front commun, qu’elles soient ou non confrontées dans l’immédiat à un problème de dette », 28 février 2016, http://www.cadtm.org/Eric-Toussaint-En-Espagne-il-est

|14| Notons qu’entre septembre 2014 et mars 2016, les banques espagnoles se sont financées auprès de la BCE à un taux de 0,5% : http://www.ecb.europa.eu/stats/mone... (consulté le 9 octobre 2016).

|15| La dette de la Communauté autonome d’Aragon a été multipliée par 6 au cours des 8 dernières années, une augmentation « absolument illégitime ». Voir à ce sujet en espagnol : http://www.cadtm.org/La-deuda-de-Aragon-se-ha

|16| Manifeste d’Oviedo, publié le 21 octobre 2016 en français : http://www.cadtm.org/Manifeste-d-Oviedo

|17| Journaliste. Membre de la PACD et du CADTM Espagne.

|18| Docteur en sciences politiques des Universités de Liège et Paris VIII, historien de formation, Éric Toussaint est porte-parole du CADTM International. Il lutte depuis de nombreuses années pour l’annulation des dettes publiques au Sud et des dettes publiques illégitimes au Nord. Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque créée en 2015 par la présidente du parlement grec.

Eric Toussaint

docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, est porte-parole du CADTM international et est membre du Conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014, Procès d’un homme exemplaire, Editions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet du livre AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège Dernier livre : Bancocratie ADEN, Brussels, 2014. Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 créée par la la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015. Suite à sa dissolution annoncée le 12 novembre 2015 par le nouveau président du parlement grec, l’ex-Commission a poursuivi ses travaux et s’est dotée d’un statut légal d’association sans but lucratif.

 

 
 
Fátima Martín

est journaliste, membre du CADTM et de la PACD, la Plateforme d’Audit Citoyen de la Dette en Espagne (http://auditoriaciudadana.net/). Elle est l’auteure, avec Jérôme Duval, du livre Construcción europea al servicio de los mercados financieros, Icaria editorial 2016. Elle développe le journal en ligne FemeninoRural.com.

 

 

 

Source : http://www.cadtm.org

 

 

 

 

 

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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 21:30

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

 

« Fuera las revalidas franquistas ! »

Etat espagnol. Grève étudiante massive contre l’austérité et la sélection dans l’enseignement

Publié le 27 octobre 2016

 

 

 

 

 

Correspondants

Mercredi, dans le silence assourdissant des médias français, des dizaines de milliers d’étudiants, parents d’élèves et professeurs sont descendus dans les rues de plus de cinquante villes espagnoles pour dire non à la LOMCE et aux revalidas (« revalidations »), réforme de l’éducation approfondissant le caractère élitiste de l’enseignement dans l’Etat Espagnol. Un « automne chaud » se prépare-t-il de l’autre côté des Pyrénées ?

Depuis le début de la crise, l’éducation publique dans l’Etat espagnol a été l’un des secteurs les plus touchés par les coupes budgétaires. En seulement quatre ans, 134 000 étudiants et étudiantes ont été exclus de l’université du fait des frais d’inscriptions, qui ont augmenté parfois jusqu’à 66% depuis 2012. Plus de 30 000 professeurs ont été licenciés, et parmi ceux qui ont pu garder leur poste, la majorité travaille dans des conditions précaires et sans garantie pour leur futur.

Les lycées ont subi de nombreux coups et l’attaque néolibérale contre l’université publique a eu des effets sur les étudiants les plus jeunes. L’application de la LOMCE – équivalent de la loi relative aux Libertés et Responsabilité des Universités (LRU) en France – et les revalidas - « revalidations », nouvelles épreuves nécessaires pour accéder à l’éducation supérieure que le gouvernement veut mettre en place – sont un exemple clair de la logique de plus en plus élitiste qui gouverne les politiques publiques en matière d’éducation dans l’Etat espagnol. D’après un rapport de l’association Save the Children (« Sauver les enfants »), les abandons de poursuite d’étude après le lycée ont été multipliés par deux entre 2008 et 2015, principalement parmi les familles ayant le moins de ressources.

C’est dans ce contexte qu’a eu lieu la grève de mercredi, qui a rassemblé étudiants, parents d’élève et professeurs contre la LOMCE et ses conséquences, et contre les revalidas dont le gouvernement a voté la mise en place en plein milieu de l’été. L’opposition aux revalidas a été au cœur de la grève, car elles constituent une nouvelle forme de sélection, qui par ailleurs rappelle une mesure mise en place par le gouvernement de Franco sous la dictature. C’est donc aux cris de « No a las reválidas franquistas » (« Non aux revalidations franquistes ») que la journée de grève a commencé, appelée par le Syndicat des Etudiants, la Confédération des Associations de Pères et Mères de l’Ecole Publique (CEAPA) et la Fédération des Associations des Etudiants Progressistes (Faest), ainsi que par diverses organisations étudiantes, comme le Syndicat des Etudiants de Gauche (SEI) de Saragosse, et d’autres organisations qui y appelaient tout en critiquant une partie du contenu de l’appel à la manifestation. La majorité des syndicats de professeurs, comme le CCOO, UGT, STES ont exprimé leur soutien à l’appel, mais sans convoquer à la grève dans l’éducation.

Les organisations se sont déclaré « satisfaites » des chiffres de grève, de près de 90% dans les lycées et prépa d’après leurs chiffres, tandis que le Ministère de l’Education annonçait entre 30 et 40% de grève. D’après les chiffres du CEAPA, la grève a été plus suivie dans le secondaire que dans l’enseignement maternel et primaire (50-60%). C’est parmi les lycéens que la grève a été la plus forte, probablement parce que ce seront les premiers touchés par les changements introduits par les « revalidas ».

 

Manifestations massives dans une cinquantaine de villes

La grève a été très suivie dans les villes de Madrid, Barcelone, Valence, Bilbao, Malaga et Ferrol. A Madrid, plus de 50 000 personnes se sont rassemblées. La marée humaine, plus nombreuse que les précédentes manifestations, a parcouru la ville.

La manifestation était dirigée par le Syndicat des Etudiants avec une banderole « A bas les revalidations franquistes », mais un pôle radical s’était formé dans le cortège, autour d’une banderole disant « Contre les revalidations et l’élitisme. Rupture et horizontalité ». Ce pôle radical était composé de la Gauche Castillane, le Front des Etudiants, le collectif Armes de la critique, ainsi que d’autres collectifs critiques du Syndicats des Etudiants, contre « ses méthodes traditionnelles d’imposition par le haut, bureaucratiquement, sans prendre en compte les collectifs étudiants et bien loin de l’intention de favoriser l’auto-organisation de ceux-ci ».

A Barcelone, la manifestation a réuni 2000 personnes, deux fois plus à Saragosse où étaient présents de nombreux étudiants d’instituts secondaires. A Cordoue, la police a chargé les étudiants qui s’étaient dirigé vers le siège du Parti Populaire, faisant une blessée.

Vers un « automne chaud » du mouvement étudiant ?

La grève massive de mercredi s’est tenue alors que la situation dans l’Etat espagnol est marquée par une crise politique importante depuis les dernières élections. L’irruption du mouvement étudiant pourrait ouvrir la possibilité d’un renouveau des mobilisations de rue. Le Syndicat des Etudiants a annoncé qu’il appellerait à une nouvelle journée de grève et a demandé aux organisations syndicales des professions de l’éducation de s’y allier, pour une grève générale éducative dans tout l’Etat. La grève du 26 octobre pourrait être le début d’une nouvelle période de mobilisation sociale et de lutte, donnant lieu à un « automne chaud » espagnol.

 

 

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

 

 

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19 avril 2016 2 19 /04 /avril /2016 14:59

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Espagne: les sympathisants de Podemos rejettent l’accord PSOE-Ciudadanos
18 avril 2016 | Par Ludovic Lamant
 
 

Plus de 88 % des 115 000 participants à la consultation organisée par Podemos ont rejeté l’accord de gouvernement négocié entre les socialistes du PSOE et les libéraux de Ciudadanos. En l’absence d’une coalition crédible d’ici au 2 mai, les Espagnols devront retourner aux urnes.

Le score est sans appel, et c’était attendu : 88 % des 115 000 personnes qui ont participé à la consultation organisée par Podemos en fin de semaine dernière ont exprimé leur opposition à ce que le mouvement anti-austérité de Pablo Iglesias soutienne (en votant pour, ou en s’abstenant) le pacte conclu entre le PSOE (les socialistes) et Ciudadanos (centre droit) en vue de former un exécutif. À l’inverse, près de 92 % d’entre eux ont soutenu la constitution d’un gouvernement calqué sur celui qui existe déjà dans la région de Valence, qui inclut le PSOE, Podemos, les communistes d’Izquierda Unida (IU), aux côtés d’autres formations régionales de la gauche alternative. Mais il est difficile d’imaginer, si l’on s’en tient aux résultats des législatives du 20 décembre, comment cet hypothétique « gouvernement des gauches » pourrait obtenir une majorité au sein du Congrès des députés.

« Nous gardons la main tendue, et nous restons prêts à négocier un gouvernement de changement [c’est-à-dire une alliance avec le PSOE – ndlr]. Le chemin qu’a emprunté le PSOE jusqu’à présent me laisse un peu sceptique, mais j’ai espoir qu’il corrige le cap », a déclaré Pablo Echenique, le nouveau secrétaire à l’organisation de Podemos, lors d’une conférence lundi midi à Saragosse (Aragon), après avoir dévoilé les résultats du scrutin. De son côté, Pablo Iglesias a jugé sur Twitter que « le PSOE devrait désormais consulter sa base sur notre proposition ». Dans une lettre à l'adresse du socialiste Pedro Sanchez, publiée peu après les résultats, deux proches d'Iglesias assurent qu'« il est encore temps » de conclure cet accord entre les gauches espagnoles.
 

Sur le fond, le patron de Podemos a de quoi se réjouir : la direction actuelle, qui s’était fortement divisée ces dernières semaines sur des questions stratégiques, sort renforcée de cette séquence puisqu’elle avait appelé, unanime, à voter contre le projet d’accord PSOE-Ciudadanos. D’autant que la participation est la plus forte jamais enregistrée pour une consultation en ligne depuis la naissance de Podemos. Au congrès fondateur de Vistalegre en octobre 2014, ils étaient 112 000 environ à s’être exprimés sur la nouvelle organisation du parti. Par la suite, le taux de participation n’avait cessé de décroître, pour tomber à des niveaux plutôt inquiétants (à peine 15 000 personnes s’étaient prononcées sur le programme électoral, en novembre 2015, juste avant les législatives de décembre).


La consultation s’était tenue de jeudi à samedi. Le taux de participation atteint presque 40 % des inscrits (en fait 63 % si l’on ne comptabilise que les citoyens inscrits et actifs depuis 12 mois sur le site). À titre de comparaison, le PSOE avait déjà soumis au vote des militants, fin février, le « deal » conclu avec Ciudadanos : le oui l’avait emporté à 79 %, avec un taux de participation à 52 % (96 000 inscrits environ). Dans la foulée, Pedro Sanchez avait tenté l’investiture au Congrès des députés début mars. Il avait alors perdu coup sur coup deux votes de manière cinglante, avec 219 élus à chaque fois contre lui (sur 350).

Le résultat de cette consultation ne permet donc pas de sortir de l’impasse politique que traverse l’Espagne depuis les législatives du 20 décembre, alors qu’il reste très peu de jours pour former une majorité au Congrès. En l’absence de coalition crédible d’ici au 2 mai, de nouvelles élections seront convoquées, sans doute pour la fin juin. Le roi organise, à partir de lundi, de nouvelles consultations avec les responsables des principaux partis – sans doute celles de la dernière chance –, au terme desquelles il pourrait décider de redonner l’initiative à l’un des quatre candidats à la Moncloa. Pour rappel, Mariano Rajoy (le président du gouvernement sortant, PP, droite) avait refusé de prendre l’initiative en février, estimant qu’il n’avait pas de majorité possible en l’état. Ce qui avait laissé le champ libre au socialiste Pedro Sanchez, pour mener d’amples consultations et conclure un « deal » avec Ciudadanos.

« L’Espagne semble condamnée à la répétition des élections. Mais il serait prudent de ne pas donner ce scénario pour acquis jusqu’à la saint Jordi [le 23 avril – ndlr]. Ce sont des jours de calculs, de sondages (dont la publication n’arrête jamais), d’appels téléphoniques entre les bureaux des uns et des autres, et de contacts politiques plus ou moins souterrains, qui s’annoncent », prévenait, il y a peu, Enric Juliana, très respecté chroniqueur de la Vanguardia (lue avec attention, en particulier, par les dirigeants de Podemos). Juliana n’excluait pas à ce stade que le PP, vainqueur fragile des élections du 20 décembre (28,3 %, 123 sièges) et aux abonnés absents depuis, prît enfin l’initiative. Le PP pourrait monter au créneau avec son projet d’alliance PP-PSOE « à l’allemande », jugeait-il.

Mais la démission en fin de semaine dernière du ministre de l’industrie, cité dans les Panama papers, énième scandale qui bouscule l’exécutif sortant, va encore compliquer toute discussion entre le PP, le PSOE et Ciudadanos. Des appels au retrait de Rajoy se sont à nouveau fait entendre, mais le conservateur galicien semble tenir bon, officiellement prêt pour une nouvelle campagne électorale jusqu'à fin juin… Quant à la stratégie de Pedro Sanchez, plutôt habile dans les premières semaines de la négociation, elle semble avoir montré ses limites. Le socialiste a été contraint sous la pression de son parti à jouer les équilibristes, vantant le « métissage idéologique », discutant avec Ciudadanos, puis avec Podemos, tout en sachant que les programmes des deux formations, en bout de course, sont impossibles à concilier.



Lire ici notre analyse publiée la semaine dernière : L’Espagne se rapproche de nouvelles élections

 

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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23 mars 2016 3 23 /03 /mars /2016 15:59

 

Source : http://reporterre.net

 

 

Barcelone devient la première ville encourageant l’alimentation végétarienne

23 mars 2016
 


 
 

Mardi 22 mars, la mairie de Barcelone a voté en faveur de la proclamation de la ville « Barcelone Veg-Friendly ». La proposition, présentée par la Gauche républicaine (ERC), vise à mettre en place des mesures pour favoriser l’alimentation végétarienne et végane (alimentation sans aucun produit issu d’animaux). Pour le parti ERC, cette décision va dans le sens de « la défense des droits des animaux, une alimentation durable et un mode de vie plus sain. »

Voici quelques unes des dispositions mises en place :

- Les « lundis sans viande », au cours desquels la ville proposera des repas végétariens dans les établissements publics.
- la mise en place d’un point d’information sur l’alimentation sans viande, ainsi que le développement d’une application.
- la publication d’un guide des restaurants et commerces végétariens.

Il s’agit de la première ville au monde à prendre une telle position. Pour Brigitte Gothière, porte-parole de l’association L214, c’est « un formidable exemple d’engagement en faveur d’une société plus responsable, attentive aux animaux, à la planète et aux convictions de chacun.  »

- Source (en anglais) : El Pais et communiqué de presse de L214.


Lire aussi : Berlin devient la capitale de la révolution végétarienne

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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27 janvier 2016 3 27 /01 /janvier /2016 14:48

Source : http://cadtm.org

Espagne : près d’un demi-million d’expulsions, le produit d’une loi franquiste

19 janvier par Fátima Martín , Jérôme Duval

 
 
 

 

Entre 2008 et le second trimestre 2015, l’Espagne a connu 416 332 ordres d’expulsion de logements. |1| Les expulsions sont une des conséquences de la crise, mais la loi qui les autorise est bien antérieure. Il s’agit de la « loi hypothécaire » imposée par décret sous la dictature de Franco en 1946, et qui demeure en vigueur.

 

La « métaphysique » des expulsions

L’Association hypothécaire espagnole (AHE) elle-même, qui rassemble les groupes financiers les plus actifs sur le marché espagnol des prêts hypothécaires, rappelle sur son site Internet que cette loi est la refonte d’un décret du 8 février 1946. Dans son guide « en caso de impago » (en cas de non-paiement) qui vise à rassurer les créanciers, il est fait état que : « si un emprunteur ne paie pas un crédit - qu’il soit personnel ou hypothécaire - il devra répondre avec tous ses biens, non seulement ceux qu’il possède présentement mais également ceux qu’il pourrait acquérir dans le futur, jusqu’à l’apurement complet de la dette ».

Le contexte idéologique dans lequel agissait cette association relevait d’un mythe très répandu à l’époque, selon lequel, comme l’affirmait un ex-président de l’AHE Gregorio Mayaya, il était « métaphysiquement impossible que le prix des logements baisse ». C’est en raison de mensonges comme celui-ci, qui ont fortement incité à l’achat, que des milliers de familles ont été expulsées de leur logement.

« Nous avons vécu au-dessus de nos moyens », cette autre grande assertion métaphysique, insulte la population. Celles qui ont effectivement vécu au-dessus de leurs moyens sont les grandes entreprises (de l’immobilier, de la construction et autres) et les institutions financières qui, par-dessus le marché, prétendent que c’est aux citoyens ordinaires de payer la facture. Or, en 2008, la dette financière des 5 principales sociétés immobilières cotées en bourse (Colonial, Metrovacesa, Realia, Royal Urbis et Martinsa Fadesa) représentait, selon le site idealista.com, 26,4 milliards d’euros.

Poussant le cynisme à son paroxysme, ces sociétés sont en plus de bien mauvaises payeuses. Une note de la Banque d’Espagne affirme que « le comportement des hypothéqués minoritaires (les ménages) est bien meilleur que celui de tout autre agent économique ». Effectivement, selon les données de l’AHE, le caractère « douteux » (retard de paiement de plus de 90 jours) des crédits concédés aux particuliers pour l’achat d’un logement était de 5,8 % au premier trimestre 2015, contre respectivement 32,9 % et 34,6 % pour les crédits destinés aux secteurs de la construction et de l’immobilier.


« L’éthique » des expulsions

La Coordination des affectés par les hypothèques (PAH) met en avant que « de nombreuses clauses abusives ont accompagné les prêts et que les biens hypothéqués en tant que garantie étaient absolument surévalués, et doivent dès lors être considérés comme des produits financiers toxiques ». Les pratiques hypothécaires en Espagne ont été si sauvages qu’elles ont conduit la Cour de justice de l’Union européenne à déclarer les exécutions hypothécaires espagnoles contraires à la législation de l’Union européenne, et la loi du Parti populaire de 2013 sur les expulsions, une violation des droits humains.

Plusieurs tribunaux ont statué en faveur des hypothéqués en raison du caractère abusif des clauses relatives au sol, tout comme des intérêts de 20 % dus au retard de paiement. Des juges ont également contesté une loi hypothécaire permettant aux banques de récupérer des biens, à défaut de paiement, pour moitié de leur valeur, tout en continuant à exiger le paiement du solde « manquant ». Certains jugements ont ainsi ordonné que les biens saisis soient rendus à leur propriétaire, comme le verdict de Gijón en janvier 2015. La PAH signale que différentes organisations de protection des Droits de l’Homme rejettent les expulsions forcées sans alternative de relogement et condamnent l’assujettissement à une dette perpétuelle (liée aux expulsions hypothécaires) comme des violations graves à l’article 25 de la Déclaration Universelle des Droits Humains ou encore au Pacte International sur les droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies.

Avec cette loi hypothécaire, les centaines de milliers de familles expulsées se sont vues refuser la dation en paiement, qui permet de s’acquitter de sa dette par la cession de son bien. En revanche, les grandes sociétés du secteur immobilier ont pu bénéficier de cette mesure, alors que la plupart d’entre elles sont liées dès l’origine aux sociétés financières locales comme Bankia, sauvées à plusieurs reprises par des fonds publics, et dont une multitude de banques et fonds étrangers (tels que Commerzbank, Eurohypo, Royal Bank of Scotland, Barclays, Crédit Agricole ou Goldman Sachs) ont été créanciers puis actionnaires.

La Société de Gestion des Actifs provenant de la restructuration bancaire (SAREB), aussi connue sous le nom de bad bank, a reçu des actifs immobiliers d’une valeur de 50,7 milliards d’euros de fonds publics garantis par l’État. Comme la transparence de la SAREB brille par son absence, l’on ne sait pas combien de ces actifs proviennent de dation en paiement de sociétés immobilières ou d’expulsions de familles. La création de cette structure de défaisance |2| a été imposée par les « partenaires européens » dans le Memorandum de la Troika (MoU) que le gouvernement espagnol a signé en juillet 2012 en échange du sauvetage du système bancaire.

Cette bad bank a, sous le contrôle strict de la Troïka, socialisé les dettes privées de sociétés immobilières et d’institutions financières espagnoles et internationales. Le sauvetage avec des fonds publics n’a pas servi à garantir les dépôts des épargnants, contrairement à ce que le discours dominant veut nous faire croire, mais à augmenter la dette et le déficit publics. Il a servi de justification à l’imposition d’une austérité brutale, ainsi qu’à l’enrichissement de fonds « vautours » et de leurs intermédiaires. À ce jour, 41,2 milliards d’euros sur les 50 de la SAREB sont gérés par trois fonds américains (Cerberus, Apollo et TPG).

 

La dette n’est pas métaphysique mais politique

La dette immobilière a ainsi atteint un niveau très élevé, et nous continuons à en payer le prix. En 2007, au début de la crise, la dette privée espagnole dépassait les 4 000 milliards d’euros. La répartition de cette dette privée était à 77 % celle des banques, et des entreprises et à 23 % celle des particuliers.

C’est à partir de l’éclatement de la crise que la dette publique a explosé. En 2007, elle ne représentait que 36 % du PIB, bien en-deçà de la moyenne européenne (66 %). En 2015, elle représente presque 100 % du PIB, à plus de 1 000 milliards d’euros. Des organismes comme la Banque d’Espagne imputent cette spectaculaire augmentation aux aides destinées au secteur financier, entre autres facteurs.

Autrement dit, le grand problème de la dette espagnole n’est pas dû à la dette publique, ou à la dette hypothécaire des ménages, mais bien à l’énorme dette des entreprises (de l’immobilier et de la construction, entre autres) et des sociétés financières. Une dette privée que les créanciers s’évertuent à socialiser depuis des années, avec la nécessaire complicité des gouvernements au pouvoir et sous contrôle strict de l’Union européenne.

Au sein de la Plateforme d’audit citoyen de la dette (PACD), nous travaillons afin que les citoyens puissent auditer cette dette pour en répudier la partie illégitime, et que des actions soient menées en conséquence. Nous agissons en faveur de nombreux changements, à commencer par cette loi hypothécaire héritière de la dictature franquiste.

 

Traduction : Virginie de Romanet.

 

Notes

|1| Rapports du Conseil général du pouvoir judiciaire « conséquences de la crise sur les organes de justice ». Datos sobre el efecto de la crisis en los órganos judiciales - Datos desde 2007 hasta tercer trimestre de 2015 :
http://www.poderjudicial.es/portal/...

|2| La défaisance (ou désendettement de fait ; en anglais defeasance) est une opération financière consistant à céder simultanément des actifs financiers et des dettes à une société tierce, souvent une structure de défaisance. Cette cession est irrévocable (Source : Wikipédia).

 

Auteur

Jérôme Duval

est permanent du CADTM Belgique et membre de la plateforme d’audit citoyen de la dette en Espagne (PACD).


http://auditoriaciudadana.net/

 

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 17:01

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/thomas-saint-cricq/blog

 

 

Dans les pas des Indignés

 

 

Il y a quatre ans et demi, des milliers d'Indignés campaient Puerta del Sol à Madrid. 69 d'entre eux siègent désormais au parlement espagnol et, par le jeu des alliances, restent incontournables pour quiconque souhaitant gouverner. La colère spontanée des Indignés s'est structurée. Durant 4 mois nous avons suivi plusieurs de ces mouvements pour comprendre leur mutation.

www.espagne-indignee.com

captureecranpodem © Crédits A. Sanial. AO/LF/TSC captureecranpodem © Crédits A. Sanial. AO/LF/TSC
 

Fini l'indignation, place à la négociation. Ce 20 décembre, l'entrée spectaculaire de Podemos au Parlement marque la fin de trente ans de démocratie bipartite, où les formations issues de la transition post-franquiste prenait tour à tour le pouvoir.

 

Avec 20,7% des voix récoltées, la formation de Pablo Iglesias n'a pas réalisé le coup de balai qu'elle espérait. Mais l'entrée de 69 députés issus de la société civile, professeurs, avocats ou simples militants associatifs, met le bloc de droite d'un côté, parti socialiste de l'autre, en minorité. Pour gouverner, il faudra désormais sceller d’improbables alliances entre partis de droite (Partido Popoular, Ciudadanos) et nationalistes basques du PNV ; bloc de gauche (PSOE, Podemos, IU) et indépendantistes catalans ; ou bien un pacte contre-nature dans une grande coalition à l'allemande réunissant conservateurs du PP et socialistes du PSOE.

 

Pablo Iglesias et l'état major de Podemos après les résultats le 20 décembre © Amandine Sanial Pablo Iglesias et l'état major de Podemos après les résultats le 20 décembre © Amandine Sanial

 

Une Espagne nouvelle

Le bipartisme à l'espagnole est enterré. Il appartient au passé. L'indignation de masse aussi. Les mouvements de contestations spontanés apparus le 15 mai 2011 sur la Puerta del Sol à Madrid (appelé ici le 15-M) avaient essaimés dans tout le pays. Mal-logement, précarité, inégalité entre les sexes, dénonciation de la corruption, ces mouvements rassemblaient toutes les luttes pour mettre fin à un système à bout de souffle. Ces Indignés ont déserté les rues espagnoles depuis plus d'un an. Mis à part quelques sursauts comme le 7N, la marche contre les violences machistes en novembre, les grandes protestations peinaient à rassembler la foule des grands jours comme au lendemain du 15-M.

Les Indignés n'avaient pas abandonné. Ils se structuraient. Pierre par pierre, certaines de ses composantes participent à la construction d'une Espagne nouvelle. Par ici, le 15MparaRato, un groupe d'activistes webs, rencontrés durant la 15-M, s'est mis en tête de traquer la corruption. En silence et derrière leur écran, ces huit activistes ont fondé un Wikileaks ibérique et réuni suffisamment de preuves pour faire inculper Rodrigo Rato, figure historique du PP, ex-président du FMI et ancien numéro deux gouvernement. L'affaire a fait de la lutte contre la corruption un sujet prioritaire aux yeux de l'opinion.

Par là, la Plataforma de Afectados por la Hypotheca (PAH), un collectif catalan pour le droit au logement qui s'est propagé dans toute l'Espagne lors de l'apparition des Indignés. Avec ces 260 antennes, ce collectif d'inspiration libertaire prône des méthodes musclées : occupation de banques, recours au squat de logements vacants, actions coup de poing au Parlement. En coulisse ces deux dernières années, la PAH a fait condamner une poignée de banques, et voter une série de lois renforçant le droit au logement dans plusieurs parlements régionaux. Son ancienne porte-parole, Ada Colau, est désormais maire de Barcelone.

Enfin, en janvier 2014 est apparu Podemos. Fondés par des professeurs de sciences politiques issus du 15-M, le parti revendiquait vouloir « convertir l'indignation en changement politique » dès sa création. Grâce à une série d'alliances avec des personnalités locales issues de la société civile, le mouvement avait déjà conquis les plus grandes villes du pays aux élections municipales de juin 2014. Il rêve de se muer en machine électorale classique, prête demain à gouverner, tout en conciliant l'esprit novateur et égalitaire des Indignés.

Ces mouvements passés du bitume à la table des négociations, de l'action coup de poing à la barre des tribunaux, nous les avons suivis pendant quatre mois. Jeunes journalistes indépendants de 25 à 27 ans, nous avons voulus comprendre comment ces citoyens, parfois à peine plus âgés que nous, pouvaient rénover profondément leur pays et leur démocratie. Comment se structurer quand on vient de la rue ? Comment y parvenir au sein même du système sans trahir ses idéaux initiaux ? Nous avons tenté de répondre à ces questions, modestement, et de manière indépendante à travers une série de reportages, dans les pas de ces Indignés.

 

Vous pouvez lire nos séries d'articles sur notre site :www.espagne-indignee.com

Amandine SanialAdrien OrtaventLudovic Ferro et Thomas Saint-Cricq

 

 

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Source : https://blogs.mediapart.fr/thomas-saint-cricq/blog

 

 

 

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 20:39

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Rencontre avec Pablo Soto, le geek de Podemos

 

 

Ce dimanche, les Espagnols votaient pour renouveler leur Parlement. Au cours de la campagne, le parti de gauche radicale Podemos a proposé d’étendre au pays la politique qu’il a commencé à mettre en place à Madrid, son laboratoire.

 
Législatives : les résultats
Selon les premiers sondages de sortie des urnes, le Parti populaire (droite), au pouvoir depuis 2011, obtiendrait autour de 27 % des voix. La deuxième place se joue entre le nouveau parti de gauche radicale Podemos et les socialistes du PSOE.

(De Madrid) Il y a quelque jours, nous avons rencontré Pablo Soto. Cet homme de 36 ans est développeur web, mais c’est au troisième étage de la mairie de Madrid qu’il reçoit.

 

Pablo Soto, à Madrid

Pablo Soto, à Madrid - Amandine Sanial/Rue89
 

« Tout a changé », dit-il, alors que ses yeux électriques s’arrêtent sur deux belles photographies d’une marée humaine envahissant la Puerta del Sol.

« Je crois que la société évolue. A Madrid, cela fait quatre ans que ça bouge beaucoup. Il y a eu cette chose merveilleuse, cette mobilisation sans aucun parti politique, sans syndicat, sans association, sans organisation traditionnelle.

La société civile s’est organisée seule, par Internet, pour réclamer la démocratie. La démocratie directe, tout de suite. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues ce jour là, le 15 mai 2011. »

Pablo Soto est un des fils de cette nuit qui a bouleversé le pays. Une gifle, un coup de cœur, une prise de conscience. Il marque une pause.

« J’étais là, parmi eux. On ne disait pas “on veut du pain”, “on veut du travail”, non. On voulait juste de la démocratie. Ça a permis de faire se rencontrer des gens qui luttaient pour les libertés sur Internet, d’autres qui luttaient contre les expulsions, d’autres pour l’éducation… C’était plus fort que la politique traditionnelle. Depuis ce jour là, nous avons l’impression que tout peut arriver. Que nous pouvons construire notre propre politique. C’est comme si nous avions ouvert une porte. »

« La politique est venue à moi ! »

Portée par cette dynamique, Manuela Carmena renverse l’échiquier politique aux élections municipales de mai dernier, et enlève la mairie de Madrid. Dans la liste de l’ancienne juge et avocate, beaucoup d’inconnus et de personnes, comme elle, issues de cette société civile qui s’est réveillée quatre ans plus tôt sur la Puerta del Sol. La présence de Pablo Soto n’était pas assurée pour autant.

« Entrer dans l’institution, ça m’a fait me poser beaucoup de questions. Mais en fait, ce n’est pas moi qui suis allé chercher la politique, c’est la politique qui est venue à moi ! »

Si Soto date son engagement de 2011, il reconnaît néanmoins un intérêt plus ancien pour les affaires publiques. Un intérêt contraint : en 2001, à 22 ans, ce programmateur autodidacte invente Blubster, un logiciel de partage de musique sur Internet. Très vite, l’application en peer-to-peer séduit des milliers, puis des millions d’utilisateurs à travers le monde.

Mais les multinationales du secteur ne voient pas d’un très bon œil le développement de cette technologie gratuite de partage. Warner, Universal et autres Sony se rassemblent alors pour attaquer Soto en justice, lui réclamant 13 millions d’euros.

A l’évocation de ce souvenir, il fait la moue. « Ça m’a beaucoup politisé », se souvient-il, amer.

« J’ai gagné le procès mais six mois après, les lobbys ont fait pression et ont changé la loi espagnole. Cet exemple, je l’ai vécu de très près, mais ça se passe comme ça dans toute la société. Je me suis rendu compte que peu importe la raison, peu importent les années de lutte, ce sont les intérêts économiques qui priment. Et pour moi, il n’est pas possible de s’épanouir en tant que citoyen dans un système qui n’est pas véritablement démocratique. »

Apôtre de la transparence

Alors, Soto s’engage pour la liberté sur Internet. Aujourd’hui de l’autre côté de la barrière, parmi les gens qui décident, il poursuit la lutte, assurant n’avoir aucune ambition personnelle, ni étiquette ou comptes à rendre. « Je me définis comme un travailleur public », expose-t-il gravement. Carnet de notes posé sur les genoux, il tripote son stylo. Clic-clac.

« Je ne représente personne. Je ne peux pas représenter un million de personnes, c’est impossible. Ce que nous pouvons faire en revanche, c’est travailler pour que ces personnes puissent se représenter elles-mêmes et exercer leurs droits. »

Le grand projet de l’ancien développeur. Il s’arrête un instant, prend le temps de réfléchir. Poursuit.

« Le code informatique commence à être aussi important que le code des lois. Si l’administration utilise un code fermé, il est impossible de savoir quelle est la loi derrière. Il y a beaucoup de droits politiques qui passent par une relation informatique, qui doit être libre pour que les gens puissent savoir comment elle fonctionne. »

Le voilà devenu apôtre de la transparence. Avec une arme, Internet.

« Nous vivons une révolution technologique bien plus profonde qu’a pu l’être l’invention de l’imprimerie. Internet a créé une masse de millions de personnes reliées en temps réel, capables de se rassembler, de communiquer, ce qui change complètement le rapport de l’élite aux masses.

Irrévocablement, cela va déboucher sur un changement social et politique. La démocratie représentative ne sert que pour rendre possibles les décisions collectives quand des milliers de personnes ne peuvent se retrouver ensemble dans un bâtiment pour délibérer, débattre et voter. Mais aujourd’hui, nous avons la technologie pour cela. »

Pas impressionné par les accusations de populisme que lui valent ses idées, le jeune « conseiller pour la participation citoyenne, la transparence et le gouvernement ouvert » développe son grand projet dès son arrivée à la mairie.

 

Pablo Soto, à Madrid

Pablo Soto, à Madrid - Amandine Sanial/Rue89
 

Après quelques mois de travail, il lance Decide Madrid, une plateforme d’initiative populaire, qui fonctionne en deux temps :

  • transparence, open data (données libres) d’un côté,
  • débat et participation citoyenne de l’autre.

Sur le portail dédié, chacun peut soumettre son idée pour la ville. Et si la proposition est approuvée par 2% de la population (soit 53 000 personnes), elle est automatiquement étudiée par un groupe de travail, avant de passer au vote, pour une adoption définitive.

 

En lien avec Paris et Reykjavik

Les propositions pour un billet unique dans les transports ou pour retirer les subventions à la corrida recueillent pour l’heure respectivement 8 098 et 6 333 soutiens. Encore loin du seuil minimal pour leur validation.

« Nous allons aussi copier Paris. Nous aussi, nous voulons un budget participatif. Nous allons même améliorer cette idée. Nous sommes en contact régulier avec les développeurs de Reykjavik, qui sont les premiers à l’avoir fait, avec ceux de Paris aussi. »

 

Quelques semaines après le lancement de sa plateforme, le nouvel élu dénombrait plus de 200 000 visites, pour presque 3 000 propositions. « Trop peu », estime-t-il.

En effet, l’outil a bénéficié d’une campagne de publicité sur les murs et les bus de la ville au moment de son lancement, mais depuis, les Madrilènes semblent avoir oublié son existence. Malgré un bon départ, ils sont désormais peu nombreux à faire vivre le site. Les dernières propositions ne recueillent qu’une poignée de soutiens, et aucune ne s’est pour l’heure concrétisée.

Il est sans doute encore tôt pour tirer un premier bilan de l’expérience, mais force est de constater qu’après plusieurs décennies de politique traditionnelle, la version numérique ne rentre pas si facilement dans les mœurs.

 

L’enthousiasme du jeune homme se heurte également à la barrière digitale : tous les Madrilènes n’ont pas Internet. Les personnes âgées et les catégories de population les plus pauvres sont donc tenues à l’écart de ce système. Pour contourner ce problème, il est néanmoins possible de se rendre en mairie et de soumettre sa proposition oralement à des fonctionnaires, qui l’inscrivent ensuite sur la plateforme.

Malgré tout, Soto est confiant. Le changement des habitudes sera long, mais pour lui, il est inéluctable.

« Et si nous pouvons changer Madrid, nous pouvons changer n’importe quelle ville. Si nous pouvons mettre en place un mécanisme direct ici, pourquoi ne le ferions nous pas à Barcelone, à Paris, à Berlin et dans toute l’Europe ? Pourquoi pas ? »

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

 

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 20:13

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

La surprenante activité de Podemos dans des campagnes à l’abandon

19 décembre 2015 / Julia Abadía González et Vladimir Slonska-Malvaud (Reporterre)

 

 

 

Le parti né des manifestations des «  indignés  » dans les grandes villes du pays a revitalisé la politique espagnole jusque dans les campagnes, frappées par les difficultés économiques et le dépeuplement. Pour les élections générales de dimanche, il fait campagne en défendant le monde rural.

 

- Ejea de los Caballeros, Tafalla, Molina de Aragón, Teruel (Espagne), reportage

« Quelle est la position de Podemos sur l’utilisation de l’hydrogène pour les tracteurs  ?  » À Ejea de los Caballeros, c’est la fin du meeting, jeudi 10 décembre. La question émerge du premier rang du public, et son auteur est agriculteur dans cette petite bourgade de province typique du nord de l’Espagne. L’interpellation, surprenante pour qui n’est pas habitué des rencontres de Podemos, en dit long sur la revitalisation politique provoquée par l’apparition du parti violet, lors de la campagne pour les élections européennes de mai 2014. Jusque loin des grands centres urbains, d’où le parti à pris son essor.

Dès ses débuts, deux cercles (la structure de base de Podemos) dédiés aux problématiques des zones rurales ont été créés à l’échelle du pays : Podemos Celtiberia – Mundo Rural et «  agriculture, élevage, pêche et alimentation  » (Agpa).

« On a depuis toujours la sensation d’être oubliés par tous les partis politiques. Les campagnes représentent un faible poids électoral  », constate Iván Flamarique, membre du cercle « monde rural » de la communauté autonome de Navarre (Nord).

 

« Une politique pour les villages depuis les villages  »

Installé dans un café face à la mairie de Tafalla (10. 966 habitants en 2014), cet agriculteur de 35 ans explique son retour dans son village natal de Mendívil (58 habitants en 2014), pour développer un projet de permaculture. Attiré dès sa création par Podemos, il a décidé de rejoindre le mouvement pour partager ses connaissances sur un secteur professionnel jusque-là très peu représenté dans le parti. Depuis l’été 2015, dix militants liés de façon directe ou indirecte au monde agricole composent le cercle monde rural de Navarre.

Les autres cercles ruraux locaux se sont constitués, peu à peu, à l’initiative des habitants des zones concernées. Ils se sont ainsi ajoutés à Podemos Celtiberia – Mundo Rural et à Agpa pour mettre leurs expériences et leurs connaissances au service des instances nationales du parti. «  Le problème que Podemos a rencontré à ses débuts, y compris dans son cercle rural national, est qu’il y avait très peu de membres directement liés au monde rural », explique Iván Flamarique. Les cercles ruraux régionaux se sont donc constitués pour remédier à ce manque.

 

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Le slogan de campagne de Podemos pour les élections générales, lors d’une réunion publique à Ejea de los Caballeros (Aragon).

 

Le niveau local et le niveau national s’articulent selon le principe fondateur de Podemos : « Ce sont les gens qui portent les propositions, pas nous. Personne ne connaît mieux les problématiques d’un endroit que celui qui les vit  », affirme Marta Chordá, membre de Podemos Celtiberia – Mundo Rural et candidate aux élections générales du dimanche 20 décembre pour la province de Saragosse. «  Il faut faire une politique pour les villages depuis les villages  », résume-t-elle.

 

« Les services de base ne sont pas garantis »

Reste la question de la participation des classes populaires des campagnes dans les cercles ruraux. Selon Marta Chordá, deux profils type s’y retrouvent : «  Des personnes qui habitent à la campagne depuis toujours, et des citadins avec un travail et des études universitaires qui souhaiteraient revenir là où ils sont nés mais qui y renoncent, car les services de base ne sont pas garantis. »

Politiquement, le spectre est encore plus large : «  On rencontre des gens sans aucun passé militant et qui adhérent à Podemos pour la perspective de changement qu’il offre. Mais aussi d’anciens membres d’autres partis politiques, des militants de la marea blanca [mouvement pour la défense de la santé publique], de la marea verde [pour le droit à l’enseignement public de qualité]  », constate Pedro Arrojo, tête de liste de Podemos dans la province de Saragosse, et figure du mouvement écologiste en Espagne. «  Podemos a articulé les forces du changement  », sourit-il.

 

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Pedro Arrojo, tête de liste de Podemos dans la province de Saragosse pour les élections générales espagnoles du 20 décembre 2015, et Marta Chordá, membre de Podemos Celtiberia-Mundo Rural, également candidate sur la liste de Saragosse.
 

Tous reprennent le mot d’ordre de la lutte contre le dépeuplement de l’intérieur de l’Espagne, et réclament des services publics de proximité et des infrastructures de télécommunication de qualité. La révolution industrielle des années 1960 a provoqué en effet un grand exode vers Madrid et Barcelone. Les campagnes se sont vidés de leurs habitants.

Selon le directeur de l’Institut d’investigation sur le développement rural Serranía Celtibérica, Francisco Burillo, « les territoires sujets au dépeuplement en Espagne représentent plus de 63.098 km², soit le double de la Belgique, et la densité de population de ces zones est inférieur à 8 habitants par km²  ». Avec des autocars qui passent seulement une fois par jour, des ambulances qui arrivent en retard, des communes de 3.500 habitants sans aucune formation professionnelle pour les jeunes, des réseaux des communications insuffisant et des hôpitaux à parfois 150 kilomètres, ces zones continuent à perdre des habitants faute d’une qualité de vie attractive.

 

« Il ne s’agit pas d’une question d’égalité, mais de justice » 

La  loi pour le développement durable du milieu rural , approuvée sous le gouvernement du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, social-démocrate) de José Luis Rodríguez Zapatero (2004-2011), posait le cadre juridique pour lutter contre le dépeuplement de l’intérieur de l’Espagne. Mais elle n’a jamais été appliquée. La situation, déjà alarmante, dans les années de croissance économique, est devenue insoutenable avec la crise de 2008 et les coupes budgétaires du Parti populaire (PP, droite) de Mariano Rajoy (2011-2015).

L’application de cette loi, de même que la lutte contre le clientélisme dans les institutions ou la création d’emplois dans les zones rurales font partie des mesures proposées par Podemos pour s’attaquer au problème. Le parti s’engage également à préserver l’existence de toutes les municipalités, contrairement au nouveau parti de droite Ciudadanos, qui propose de supprimer les communes de moins de 5.000 habitants. Le PP avait de son côté opté pour l’asphyxie financière.

 

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Vue de la petite ville de Molina de Aragón.
 

« Les fonds Forcol [fond régional de coopération locale de la région de Castilla – La Mancha] représentaient 13 % du budget de la mairie. En 2011, María Dolores de Cospedal [présidente PP de la région] a décidé de les supprimer  », raconte Montserrat Lacalle Herranz, conseillère municipale Molina Se Mueve (membre de la coalition de Podemos) à Molina de Aragón, dans le centre de l’Espagne. «  Les mairies ont très peu de revenus. Dans notre village, nous avons un important patrimoine historique qu’il faut restaurer, mais il n’y a pas d’argent. La partie arrière de notre château, l’un de nos principaux symboles, est en train de s’effondrer , regrette-t-elle. Le monde rural a besoin d’investissement. Il ne s’agit pas d’une question d’égalité, mais de justice . »

Autre absurdité : Molina de Aragón, avec ses belles maisons en pierre et ses 3.500 habitants, est inscrite depuis quelques mois dans le réseau des municipalités-refuge. « Nous avons trois maisons prêtées par des riverains pour accueillir des réfugiés. Nous leur avons prévu aussi des services de conseil juridique, d’accompagnement et d’appui linguistique pour faciliter leur arrivée . » Malgré la bonne volonté des habitants, les trois maisons restent vides : l’accueil et la répartition des réfugiés relèvent de la compétence du gouvernement national…

 

Indignation sans précédent dans le pays 

L’émergence tonitruante de Podemos sur la scène politique ne doit pas faire oublier le long chemin de croix de la lutte contre l’oubli des zones rurales. Le nouveau parti peut en effet compter sur les nombreuses initiatives de ceux qui l’ont précédé, avec plus ou moins de succès, dans l’Aragon, en Castilla – La Mancha, en Castilla y León, dans la communauté de Valence et dans La Rioja ces vingt dernières années : Teruel Existe, Soria Ya, La Otra Guadalajara, La Plataforma Cívica de Cuenca, Al Jiloca ya le Toca.

Mais les temps ont changé. Le chômage et les scandales de corruption au sein du PP et du PSOE ont provoqué une indignation sans précédent dans le pays. « Le ras-le-bol qui s’est manifesté sur la place de la Puerta del Sol, le 15 mai 2011 à Madrid, était aussi présent dans le monde rural. Mais il n’y avait pas la même force de mobilisation pour le montrer  », explique Marta Chordá.

 

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Pedro Arrojo, tête de liste Podemos dans la province de Saragosse, lors d’une réunion publique à Ejea de los Caballeros (Aragon), le 10 décembre 2015.
 

«  Beaucoup des gens n’ont pas fait le lien, jusqu’à très récemment, entre le dépeuplement des campagnes et la mauvaise gestion du gouvernement. Nous avions une perception fataliste de la réalité. Maintenant, cela a changé...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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