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21 avril 2016 4 21 /04 /avril /2016 13:43

 

Source : http://www.amisdelaterre.org

 

 

300 militants du mouvement pour le climat perturbent le Sommet International du Pétrole à Paris

Paris, le 21 avril - A la veille de la cérémonie officielle de signature de l’Accord de Paris organisée le 22 avril à New York, plus de 300 militants climat ont perturbé le Sommet International du Pétrole et rappelé les lignes rouges d’un futur juste et durable, à nouveau franchies par l’industrie fossile.

 

 

A la veille de la cérémonie officielle de signature de l’Accord de Paris, organisée le 22 avril à New-York, l’industrie fossile et la diplomatie internationale avaient eux rendez-vous comme chaque année dans le cadre de l’Oil International Summit à l’hôtel Le Méridien Etoile à Paris.

A partir de 8h30, 300 militants pour la justice climatique ont réalisé un "die-in" géant devant l’hôtel pour représenter symboliquement les victimes passées et futures du dérèglement climatique. Certains participants au sommet ont été contraints de les enjamber puis de franchir la ligne rouge tendue devant les portes. En parallèle, 30 activistes sont parvenus à s’introduire dans l’hôtel pour perturber les accès aux salles de conférence et symboliser la ligne rouge pour un futur juste et durable à nouveau franchie par l’industrie fossile.

Pour 350.org, Action non-violente COP21, Alternatiba, Les Amis de la Terre France, Attac France, Bizi !, la Confédération Paysanne, les JEDI for Climate, Nation Océan, l’Union syndicale Solidaires, qui avaient appelé à cette action non-violente de désobéissance civile, l’agenda officiel de ce Sommet International du Pétrole prouve que la cérémonie de signature de l’Accord de Paris qui a lieu demain aux Nations-Unies à New-York est purement symbolique : le fossé reste énorme entre les engagements pris par les Etats et l’impunité intacte de l’industrie fossile. Les préoccupations affichées pour ce Sommet sont ainsi de poursuivre l’exploitation des hydrocarbures et d’assurer la rentabilité du secteur (1). Pourtant, pour contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C, et idéalement en deçà de 1,5°C, comme le prévoit l’article 2 de l’accord de Paris, une majorité des réserves prouvées de charbon, de pétrole et de gaz dans le sol doit être gelée, ce qui appelle de fait à la reconversion totale de cette industrie.

Face à l’urgence climatique, le mouvement grandissant pour la justice climatique s’est engagé à ce que les lignes rouges d’un futur juste et durable ne soient jamais franchies. Ici devant le Sommet International du Pétrole, et partout où les plans climaticides s’élaborent, nous honorerons nos promesses pour faire respecter les principes de l’Accord de Paris.

Après la mobilisation de Pau contre le Sommet du pétrole offshore MCEDD, qui avait réuni plus de 700 activistes, c’est en mai, partout dans le monde, que des dizaines de milliers de militantes et de militants du mouvement pour le climat prendront part à une vague d’actions de masse sans précédent, pour bloquer les infrastructures fossiles les plus néfastes (2). Ce recours à la désobéissance civile est indispensable, si nous voulons parvenir à tourner la page des combustibles fossiles, pour accélérer la transition vers un futur basé sur la sobriété et l’efficacité énergétique, et 100 % d’énergies renouvelables.

 

Contacts presse :

Nicolas Haeringer, 350.org, nicolas@350.org, 0650861259
Sylvine Bouffaron, Action Non-Violente COP21, sylvinebouffaron@orange.fr, 06.87.50.65.35
Malika Peyraut, Amis de la Terre, malika.peyraut@amisdelaterre.org , 06 88 48 93 68
Maxime Combes, Attac France, maxime.combes@gmail.com, 06 24 51 29 44

#AccordDeParis #KeepItInTheGround

(1) http://www.oil-gas-energy-conferences.com/petrole/html/accueil.php (2) https://fr.breakfree2016.org/ (des bus sont organisés depuis la France)

 

 

Source : http://www.amisdelaterre.org

 

 

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 23:25

 

Source : http://timetosignoff.fr

 

 

Whaaaaat ?

Whaaaaat ?

 

Ce matin, comme tous les mercredis, on a épluché Le Canard Enchaîné. Et, PAS comme tous les mercredis, on est tombés de notre chaise. Pourquoi ? A cause de ce titre : "La moitié des éoliennes en France tournent dans le vide et ne sont raccordées à rien". Juré.

Selon le Canard, sur 21.000 mégawatts de puissance éolienne installée en France : 10.300 sont raccordés au réseau et... 10.700 tournent dans le vide ! La raison ? ERDF et RTE, en charge du réseau et émanations d'un EDF "obsédé par le nucléaire", traînent des pieds pour raccorder les éoliennes.

"Traînent les pieds" à quel point ? En 2015, moins de 1.000 MW éoliens ont été raccordés au réseau. A ce train-là, il faudra plus de 10 ans pour résorber la file d'attente. On espère que vous trouvez que les éoliennes c'est joli, car (dans 50% des cas) c'est à ça que ça sert.

 

La France raccorde environ 2.000 MW d'énergie renouvelable (éolien, solaire, etc.) par an. L'Allemagne 5.000 MW.

Vous ne croyez pas le Canard ? Lisez ce rapport d'EY, les chiffres (p. 34) sont rigoureusement les mêmes !

 

 

Source : http://timetosignoff.fr

 

 

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10 avril 2016 7 10 /04 /avril /2016 20:44

 

Source : https://www.youtube.com/watch?v=pOwmFeUe4iI

 

 

PARI TENU : Les pétroliers reculent

 

 

 9 avril ·

 

 
 
 

 9 avril ·

 

PARI TENU ¦ Pour ce troisième et dernier jour du blocage du MCEDD, des images incroyables des fossoyeurs du climat reculant devant la détermination des citoyens! #StopMCEDD #KeepItInTheGround

 

Retrouvez la campagne #STOPMCEDD http://anv-cop21.org/

Crédits:
Une production Vincent Verzat http://vincentvideos.com

 

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6 avril 2016 3 06 /04 /avril /2016 21:04

 

Source : https://www.youtube.com/watch?v=5Oe6nA0CR1o

 

 

Des activistes bloquent le sommet du pétrole offshore!

Action Non-Violente COP21

 

 

Ajoutée le 6 avr. 2016

Plus de 300 militants pour le 1er jour de mobilisation, un palais bloqué!
On lâche rien, on vous donne rendez-vous ce soir, Mercredi 6 avril, au Parc Beaumont de #Pau à 17h30
plus d'info : http://anv-cop21.org/
#STOPMCEDD

Un appel lancé par Action non-violente COP 21, La Coordination des Alternatiba, Les Amis de la Terre- France, Attac-France, Bizi !, Le Village Emmaüs Lescar-Pau, Nation Ocean, 350.org, Surfrider Foundation Europe.

Crédits:
Une production Vincent Verzat http://vincentvideos.com

 

 

 

 

Bloquons le sommet du pétrole offshore !

Action Non-Violente COP21

Ajoutée le 4 mars 2016

Ils se retrouvent pour que l'industrie fossile offshore reste compétitive. Nous nous rassemblons pour les bloquer.

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Bloquons la tenue du sommet MCE Deepwater Development rassemblant les plus grandes entreprises de forage en eaux profondes. Tous à Pau du 5 au 7 avril 2016 pour 3 journées d'actions de désobéissance civile de masse, non-violentes et déterminées pour le climat.

Signez l'Appel de Pau : http://anv-cop21.org/appel-de-pau-sto...
L'événement : http://anv-cop21.org/1282-2/
Inscriptions : http://bit.ly/1SZW0Nm
Contribuez financièrement : http://www.bizimugi.eu/mce/

Un appel lancé par Action non-violente COP21, La Coordination des Alternatiba, Les Amis de la Terre- France, Attac-France, Bizi !, Le Village Emmaüs Lescar-Pau, Nation Ocean, 350.org

Vidéo : Vincent Verzat - http://vincentvideos.com/

 

 

 

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3 avril 2016 7 03 /04 /avril /2016 16:52

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

Les militants pour le climat protestent contre un sommet consacré aux forages offshore

LE MONDE | • Mis à jour le | Par

 
 

Action des militants d'ANV-COP 21 et des Amis de la Terre, jeudi 31 mars, dans les jardins du Trocadéro (Paris), contre un sommet consacré aux forages offshore.

Plusieurs ONG de défense de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique ont été reçues, jeudi 31 mars, par la direction de Total. Ces organisations (Action non-violente COP21, Alternatiba, 350.org, Amis de la Terre, Attac, Surfrider Foundation, Bizi !, Nation Océan) ont expliqué au groupe pétrolier leur intention de bloquer le sommet MCE-DD (Marine, Construction and Engineering, Deepwater Development) qui doit réunir à Pau, du 5 au 7 avril, les grandes compagnies gazières et pétrolières du monde.

 

A l’ordre du jour de ce rendez-vous, organisé par une société américaine, Quest Offshore, et qui se tient dans la ville qui héberge le grand centre de recherches de Total : le pétrole offshore, les moyens d’en améliorer la sécurité, d’en abaisser les coûts, les progrès techniques, etc.

Pour ces ONG, qui ont été très actives durant la Conférence mondiale sur le climat, la COP21 qui s’est tenue à Paris début décembre, ce sommet de pétroliers consacré aux forages en haute mer résonne comme une provocation. « Il faut en finir avec les combustibles fossiles, 80 % des réserves de charbon, de gaz et de pétrole doivent rester inexploitées pour rester sous les 2 °C de réchauffement mondial, c’est le sens de l’accord de Paris », explique Nicolas Haeringer, de 350.org.

 

Lire aussi :   La haute mer, un no man’s land en quête de lois

 

Le rendez-vous entre les deux parties, qui s’est déroulé au siège de Total, jeudi matin, n’a évidemment pas débouché sur l’annulation de la mobilisation militante ni non plus sur celle du sommet pétrolier. « Il n’est pas question de nier notre engagement dans ce secteur, c’est une activité que nous revendiquons et pour laquelle nous sommes à la pointe, et, par ailleurs, Total est la seule grande compagnie autant impliquée dans les énergies renouvelables et le solaire », explique un porte-parole de Total.

Loin d’ignorer les recommandations de la COP, la compagnie pétrolière dit vouloir faire passer le pourcentage d’énergies renouvelables, dans son mix, de 3 % aujourd’hui à 20 % d’ici vingt ans, et souligne le fait qu’elle ne possède pas de forage offshore en Arctique. Pour un porte-parole de la compagnie, « la transition énergétique doit se faire progressivement, on ne peut pas débrancher la prise des énergies fossiles du jour au lendemain ».

« Climat ou pétrole offshore, il faut choisir »

Ces arguments n’ont évidemment pas convaincu les représentants des organisations, qui continuent d’appeler à la mobilisation contre le sommet de Pau. Jeudi, en tout début de matinée, une vingtaine de militants ont plongé dans les eaux froides du Trocadéro, où ils ont simulé un naufrage et une marée noire (avec de l’encre de seiche), pour dénoncer les méfaits des forages offshore.

 

Action des militants contre le réchauffement climatique, jeudi 31 mars, dans les jardins du Trocadéro (Paris), contre un sommet consacré aux forages offshore qui doit s'ouvrir à Pau le 5 avril.

Pauline Boyer (Action non-violente-COP21) a profité de cette action pour dénoncer la contradiction entre le développement de ces forages et les engagements de la France et de la communauté internationale pour freiner le réchauffement de la planète. « COP21 ou sommet de Pau, climat ou pétrole offshore : il faut choisir », proclamait la banderole tenue par les militants.

 

Lire aussi :   COP21 : Albert de Monaco et Ségolène Royal appellent à « ne pas oublier l’océan »

 

Ils seront des centaines, espèrent les organisateurs, à rejoindre la cité paloise, dès le week-end des 2 et 3 avril. Au centre Emmaüs Lescar-Pau qui en hébergera une partie, le « camp Sirène » leur proposera des formations aux actions non violentes, des ateliers de formation au déploiement de banderoles, de « fabrication de matériel pour le blocage » ou encore de médiateur. Le prochain rendez-vous entre les ONG et Total se déroulera donc mardi 5 au matin, à l’ouverture du sommet et devant les portes du palais Beaumont à Pau. De son côté, le préfet des Pyrénées-Atlantiques, Pierre-André Durand, affirme que « tout sera mis en œuvre pour assurer la sécurité et la tenue du sommet ».

 

 

 Rémi Barroux
Journaliste au Monde
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Source : http://www.lemonde.fr

 

 

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3 avril 2016 7 03 /04 /avril /2016 16:35

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

Comment un rapport du CNRS sur l’impact du diesel sur la santé a été enterré

LE MONDE | • Mis à jour le | Par

 

 

 

C’est une histoire exemplaire, révélatrice de l’inertie des pouvoirs publics sur les questions sanitaires, du poids des lobbys et de l’isolement des scientifiques. Selon nos informations, dès l’automne 1997, une quarantaine de chercheurs français livraient une expertise du CNRS intitulée « Diesel et santé ». Pour la première fois, des scientifiques français donnaient clairement l’alerte sur la dangerosité de ce carburant, mettant en évidence le lien entre les fumées de ces moteurs et le risque de cancer. Seize ans avant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe les gaz d’échappement des moteurs diesel dans la catégorie des cancérogènes pour l’homme.

Ce rapport de 245 pages, le document scientifique le plus ambitieux conduit à cette époque sur le sujet, a été purement et simplement enterré. Jamais publié, il est aujourd’hui à peu près introuvable ; il n’en reste que de très rares copies. La direction actuelle du CNRS ignorait jusqu’à son existence même ; sollicité par Le Monde, l’organisme de recherche a mis près de cinq mois à le retrouver, dans son dépôt d’archives de Gif-sur-Yvette (Essonne)… Le Monde a ainsi pu consulter une copie du document.

Avec la prudence habituelle des scientifiques, les auteurs ne tiraient pas de conclusions définitives. « Mais il y avait clairement une alerte », dit l’un des auteurs du rapport, sous le couvert de l’anonymat. « L’action mutagène et génotoxique [qui provoque des dommages à l’ADN] des émissions diesel a été démontrée in vitro, écrivaient les auteurs. A long terme, chez le rat, [elles] induisent la formation de tumeurs pulmonaires (…). Il semble que les particules soient plus particulièrement responsables de cette carcinogenèse. » En 1997, il était encore « illusoire », exposaient-ils, de quantifier l’effet du diesel sur les taux de cancer du poumon chez les humains. Néanmoins, « de nombreuses études épidémiologiques suggèrent qu’une exposition à long terme pourrait participer (…), certes faiblement, à la cancérogenèse ».

 

Les auteurs avaient rassemblé 25 études épidémiologiques sur le sujet, dont 22 montraient un risque accru de cancer du poumon chez les humains exposés aux fumées du diesel. La moitié d’entre elles mettaient en évidence un risque statistiquement significatif.

« En 1993, à mon arrivée au CNRS, je trouvais l’organisme assez timide sur les questions scientifiques en lien avec la société, par rapport à ce qui existait à l’Inserm [Institut national de la santé et de la recherche médicale], par exemple, raconte Pierre Tambourin, figure de la biologie française, à l’époque directeur du département des sciences de la vie du CNRS et aujourd’hui à la tête du Génopole d’Evry. J’ai consulté le directeur général de l’époque, Guy Aubert, sur l’opportunité de s’autosaisir de la question de l’impact sanitaire du diesel, et il m’avait donné son accord. »

Une quarantaine de scientifiques des universités ou des organismes de recherche publics ont ainsi été réunis par le CNRS, avec pour mission de produire une expertise collective sur le sujet. Ce genre d’expertise a généralement une fonction de conseil pour la conduite des politiques publiques. Elle explore l’ensemble des aspects d’un sujet donné et son poids scientifique est très supérieur à celui d’une étude isolée. Plusieurs comités (sur la combustion des hydrocarbures, sur la toxicologie, l’aérologie, l’épidémiologie, etc.) ont ainsi été constitués en vue de réaliser l’expertise. Après plusieurs années de travail, le document a été finalisé en septembre 1997.

« J’ai présenté les principales conclusions en comité de direction du CNRS et je me souviens de réactions assez négatives, poursuit M. Tambourin. Le rapport impliquait que les véhicules diesel soient tous équipés de filtres. Or, à l’époque, cette solution était économiquement viable pour les gros véhicules, mais pas pour les véhicules particuliers. Certains ont vu ce rapport comme une menace pour notre industrie automobile. »

En 1997, c’est la nouvelle directrice générale du CNRS qui hérite de la patate chaude. « J’ai transmis le rapport à ma tutelle, c’est-à-dire au ministère de la recherche, raconte la physicienne Catherine Bréchignac, aujourd’hui secrétaire perpétuelle de l’Académie des sciences. Je l’ai transmis une fois, deux fois et je n’ai eu aucun retour. De guerre lasse, j’ai fait ce que je devais et pouvais faire : nous avons publié un communiqué de presse, sans publier le rapport, qui était toutefois consultable au CNRS. » Il en a rapidement disparu pour devenir introuvable.

Le ministre de tutelle est alors Claude Allègre. Celui-là même qui s’oppose à cette époque à la publication d’une autre expertise collective sur l’amiante. Le 16 octobre 1997, la revue Nature déclenche un scandale en révélant que M. Allègre bloque la publication du rapport de l’Inserm sur cette fibre hautement cancérogène – révélations qui ont conduit à ce que le document en question soit finalement publié. Le rapport sur le diesel restera, lui, dans les limbes.

Pourquoi les auteurs ne se sont-ils pas offusqués de cet enterrement ? « Au départ, on ne nous avait pas dit si le rapport allait être publié ou non, se souvient l’un de ces auteurs, peu accoutumés à travailler sur ce type d’expertise, la première du genre organisée par le CNRS. Je me suis demandé pendant un temps ce qu’ils allaient en faire et puis j’ai renoncé. Mais je ne me faisais pas trop d’illusions : à l’époque, les constructeurs français vendaient leurs diesels au monde entier. »

La non-publication de l’expertise est donc passée inaperçue. Tout comme le communiqué de presse censé lui rendre justice. Diffusé le 27 août 1998, le texte n’évoque aucun des risques sanitaires soulevés par le rapport lui-même.

Au contraire, il ne traite que des incertitudes. « Les données existantes (…) ne permettent pas d’isoler ce qui a trait spécifiquement au diesel, souligne le communiqué. (…) Enfin, les données sur la qualité de l’air sont agrégées et ne permettent pas de distinguer les sources de rejet de polluants. » Loin de relayer l’alerte portée par le rapport, le communiqué a plutôt cherché à diluer la responsabilité du diesel dans la pollution atmosphérique.

Plus étonnant, le communiqué associe les industriels à l’affaire. « Le CNRS, les constructeurs automobiles PSA et Renault, les représentants des pétroliers Total et Elf ont décidé de poursuivre leur investigation, en partenariat avec l’Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité et l’Inserm, poursuivait ainsi le texte. Un groupe de travail est constitué (…), chargé de poursuivre les études (…). La première réunion de travail de ce groupe doit se tenir au mois d’octobre [1998]. »

Rendu public en plein mois d’août, le communiqué a échappé à plusieurs des auteurs du rapport contactés par Le Monde, qui s’étonnent aujourd’hui de la mention des constructeurs automobiles et des pétroliers. « On a travaillé uniquement entre académiques, à aucun moment nous n’avons été en contact avec des industriels, en tout cas dans mon groupe de travail », confie un chercheur qui a contribué au chapitre sur la toxicologie. « Les industriels ont été mentionnés car nous leur avons adressé le rapport final, puisqu’ils étaient les premiers concernés, répond Mme Bréchignac. En ce sens, je pense d’ailleurs que cette expertise n’est pas restée complètement lettre morte puisqu’il y a eu, depuis, beaucoup de progrès accomplis sur les pots catalytiques. »

Quant au groupe de travail commun entre organismes publics et industriels, mentionné par le communiqué et censé avoir poursuivi les études sur le sujet, il semble n’avoir jamais existé. Interrogés, ni le CNRS ni l’Inserm n’en ont retrouvé la moindre trace.

 

 

 


Source : http://www.lemonde.fr

 

 

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17 mars 2016 4 17 /03 /mars /2016 18:26

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Pollution et défiscalisation

L’étude qui fâche les producteurs d’huile de palme et d’agrocarburants

par

 

 

 

L’Union européenne a t-elle fait fausse route en promouvant la consommation d’agrocarburants issus de cultures alimentaires ? La directive européenne sur les énergies renouvelables impose que 10 % de l’énergie utilisée dans les transports à l’échelle du continent soit produite à partir de sources renouvelables d’ici 2020. Ces énergies renouvelables sont quasi-exclusivement des agrocarburants de première génération, c’est-à-dire à base de matières premières agricoles (soja, colza, tournesol, huile de palme, maïs, blé...), ajoutés aux carburants traditionnels.

Ces objectifs apparemment louables pourraient provoquer l’effet inverse et augmenter les émissions de gaz à effet de serre, selon une étude réalisée par le cabinet de conseil Ecofys pour la Commission européenne. « Le biodiesel issu d’huile de palme émet trois fois plus (que le diesel, ndlr) et l’huile de soja autour de deux fois plus, lorsque les effets des cultures sur l’usage des terres sont pris en compte », rapporte The Guardian qui a pu consulter l’étude [1].

 

Pressions internes

Jusqu’à 6,7 millions d’hectares de forêts et de prairies pourraient être remplacés par des cultures d’agrocarburants, pointe l’étude. « Lorsque la perte des arbres est prise en compte, ces "biocarburants" généreraient autour de près de 1 milliard de tonnes d’équivalent CO2 », relève le quotidien britannique. En avril 2015, les eurodéputés ont adopté un plafond pour ces agrocarburants, fixé à 7 % de la consommation énergétique finale des transports. Mais ce plafond n’est pas suffisant pour le réseau d’ONG Transport and Environment, basé à Bruxelles, qui demande de mettre un terme à ce type d’agrocarburants.

La publication du rapport a été retardée pendant plusieurs mois, sous la pression de la direction générale de l’énergie. « En interne, il a été dit que la publication de l’étude pourrait nuire aux relations internationales avec les pays producteurs de palmiers à huile », selon une source du Guardian. Le European Biodiesel Board, organisation rassemblant les producteurs européens de biodiesel, n’a pas tardé à réagir en arguant que l’étude était basée sur « un modèle qui n’a pas encore été divulgué ni validé par les pairs ». Il met en exergue une autre étude, réalisée par le California Air Resources Board (CARB) en septembre 2015, qui estime beaucoup plus faible les émissions de CO2 générées par les changements d’usage des sols, d’une forêt à une plantation de soja par exemple.

 

Défiscalisations en France

Les politiques publiques européennes demeurent pour l’heure favorables aux agrocarburants, et c’est aussi le cas en France. Un rapport de la Cour des comptes de 2012 estime que l’exonération fiscale dont bénéficient les producteurs de biodiesel a coûté à l’État plus de 1,8 milliards d’euros entre 2005 et 2010. Sur la même période, les investissement productifs de la filière avoisinent les 500 millions d’euros... Les contribuables français ont donc payé près de quatre fois les investissements des entreprises privées spécialisées en agrocarburants !

Le gouvernement avait promis que la défiscalisation massive dont bénéficiait les producteurs d’agrocarburants de première génération devait s’arrêter fin 2015. D’autres agrocarburants, issus cette fois de graisses animales, ont depuis fait leur entrée sur le marché national, bénéficiant là-encore de fortes incitations fiscales. Comme le montre notre enquête sur ces agrocarburants de deuxième génération, ces défiscalisations se font là-aussi sur la base d’études controversées.

Sophie Chapelle

Photo prise dans une plantation d’huile de palme à Madagascar / CC Sophie Chapelle

A relire : Crime environnemental : sur la piste de l’huile de palme

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3 mars 2016 4 03 /03 /mars /2016 22:15

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes

 

 

La Commission européenne pulvérise un engagement-clef de la COP21 !

 

 

Dans une communication publiée mercredi, la Commission européenne refuse de se donner plus d'ambition d'ici à 2030 et institutionnalise la procrastination à l'échelle mondiale. En repoussant à demain ce qu'elle ne veut pas faire aujourd'hui, elle pulvérise l'objectif des 2°C de réchauffement maximal. Choquant et criminel.

Un statu quo synonyme de capitulation climatique

En clôture de la COP21, même les plus enthousiastes des commentateurs avaient reconnu que les « contributions » des Etats étaient insuffisantes, conduisant la planète vers un réchauffement climatique supérieur à 3°C. Mais l'essentiel n'était pas là, nous avaient-ils assuré. L'important était que les Etats se soient engagés à revoir leurs contributions à la hausse dans des délais relativement courts (2018, 2020 ou 2023 selon les commentateurs) ! En acceptant ce principe, nous a-t-il été dit, les Etats ont ouvert la possibilité de revenir en dessous des 2°C fatidiques. Le discours final de François Hollande, promettant de « réviser au plus tard en 2020 les engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre » de la France, était pris en exemple de cette bonne volonté.

 

cop21-3-c cop21-3-c

 

Patatras. Dans sa communication intitulée « la voie après Paris », la Commission européenne balaie d'un revers de la main cette jolie petite histoire qui nous a été racontée, avec plus ou moins d'emphase, depuis le 12 décembre dernier. La Commission estime que l'objectif dont l'UE s'est doté, à savoir une réduction de 40% des émissions de GES d'ici à 2030, est largement suffisant puisque « basé sur des projections mondiales qui sont en ligne avec l'ambition à moyen terme de l'Accord de Paris ». Pour la Commission, l'UE doit donc se limiter à « mettre en œuvre le paquet énergie climat 2030 tel que validé par le Conseil européen ». Rien de plus. Pas question de soumettre auprès de l'ONU une contribution plus ambitieuse d'ici à 2020. La Commission ne laisse même pas cette option ouverte, à la discrétion des ministres de l'environnement ou du Conseil des chefs d'Etat et de gouvernment. Pour la Commission, revoir à la hausse l'ambition des objectifs que l'UE s'est fixée ne fait simplement pas partie des options possibles. La promesse de François Hollande du 12 décembre dernier est déjà à ranger aux oubliettes de l'histoire (la contribution française n'est rien d'autre que la déclinaison nationale des objectifs fixés au niveau européen).

 

Une proposition irresponsable qui nie les données scientifiques

En osant affirmer que les objectifs fixés sont suffisants, la Commission européenne fait basculer la politique de l'UE dans le déni climatique et le négationnisme scientifique. Les données scientifiques dont nous disposons, notamment celles réunies par le GIEC, sont claires : l'UE, tout comme les autres puissances économiques de la planète, est invitée à s'orienter le plus rapidement possible vers une décarbonisation complète de son économie. Les objectifs fixés ne le permettent pas : un objectif de 40 % de réduction d'émissions d'ici à 2030 revient à une réduction effective d'à peine 33 % compte tenu des surplus considérables de quotas existant sur le marché carbone européen.

Un si faible objectif revient également à repousser à l'après 2030 l'essentiel des efforts à mener pour obtenir une réduction de 80 % des émissions en 2050 par rapport à 1990 – le minimum exigible de l'UE selon les données du GIEC. A supposer que l'objectif de – 40 % d'ici à 2030 soit atteint, il faudrait encore diviser quasiment par trois les émissions de l'UE entre 2030 et 2050. Ce qui revient à planifier une diminution de 5 % par an de 2030 à 2050 – ce que personne ne sait faire et ne peut garantir – alors qu'un effort continu dans le temps permettrait de tabler sur un taux de réduction d'émissions plus raisonnable de 2,5 % par an : pour 2030, le taux planifié est d'à peine 1,3 % par an.

 

En visant trop bas, on rate sa cible !
En visant trop bas, on rate sa cible !

 

Pour le climatologue Kevin Anderson du Tyndall Centre for Climate Change Research, un si faible objectif pour 2030 montre que l'UE s'affranchit du budget carbone que le GIEC lui a assigné pour rester en deçà des 2°C. Cela revient à donner la priorité à « l'opportunisme politique au détriment de l'intégrité scientifique », écrivait-il dans une lettre ouverte rendue publique en octobre 2014. C'est au nom de cette intégrité scientifique que la majorité des ONG en Europe réclament de l'UE un objectif minimal de 55% de réduction d'émission de GES d'ici à 2030. C'est donc en toute connaissance de cause, hypothéquant de fait les objectifs assignés par l'Accord de Paris, que la Commission refuse de revoir ses objectifs à la hausse.

 

Procrastination institutionnalisée pour de nouveaux crimes climatiques

Ce statu quo voulu par la Commission européenne dynamite le story-telling construit autour de la COP21. Alors que l'Accord de Paris « note avec préoccupation que les niveaux d'émission globales de GES en 2025 et 2030 estimés sur la base des contributions prévues déterminées au niveau national ne sont pas compatibles avec les scénarios au moindre coût prévoyant une hausse de la température de 2°C » (point 2.17 de la décision), la Commission européenne institutionnalise la procrastination : elle repousse à plus tard ce qui devrait être fait aujourd'hui. Elle invite ainsi tous les grands pollueurs de la planète, des Etats-Unis à la Chine, à faire de même ! Bravo l'exemple !

Or, en matière de dérèglements climatiques, l'important n'est pas le niveau d'émissions une année donnée, mais l'accumulation des GES dans l'atmosphère au cours des années. Pour le dire autrement, l'important n'est pas tant de savoir quel sera le niveau d'émissions en 2050 que de connaître le chemin qui sera emprunté. Plus les émissions sont réduites fortement en début de période, plus le montant d'émissions accumulées dans l'atmosphère est faible. Plus on attend la fin de période pour réduire les émissions, plus le montant accumulé sera important. En repoussant à l'après 2030 l'essentiel des efforts, la Commission européenne maximise la quantité totale d'émissions que l'UE va accumuler dans l'atmosphère au cours de la période 2020-2050. Et elle invite tous les grands pollueurs de la planète à en faire autant.

Au final, le résultat est connu d'avance. On ne compte plus les rapports et études qui le montrent avec clarté : ce sont les populations les plus démunies, celles qui sont le moins à-même de faire face aux dérèglements climatiques – et qui n'en sont pas à l'origine – qui paieront le prix fort de l'inertie des politiques climatiques européennes et mondiales. C'est donc en toute connaissance de cause que la Commission européenne planifie ce qui s'apparente à de nouveaux crimes climatiques.

 

 

Couverture du livre Crime Climatique Stop ! Couverture du livre Crime Climatique Stop !

 

C'est inadmissible et intolérable que des telles propositions soient faites en notre nom. Au nom des populations européennes.

Les ministres européens de l’Environnement ont la possibilité de modifier l'orientation de cette communication lors de leur réunion de ce vendredi 4 mars.

Les Chefs d'Etat et de gouvernement des Etats-membres auront une possibilité identique lors du Conseil européen des 17 et 18 mars.

Le story-telling de la COP21 ne va plus fonctionner très longtemps.

Le voile va se lever sur la sincérité des paroles prononcées à Paris.

François Hollande voulait que la COP21 pose les jalons de la « révolution climatique ». Si révolution climatique il doit y avoir, c'est à Bruxelles qu'elle doit débuter.

François Hollande et Ségolène Royal ne pourront pas, cette fois-ci, se retrancher derrière de beaux discours – ni derrière la mauvaise volonté de la Pologne.

Des actes, il n'y a que cela qui compte.

 

 

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Maxime Combes, économiste et membre d'Attac France.

Auteur de Sortons de l'âge des fossiles ! Manifeste pour la transition,Seuil, coll. Anthropocène.

@MaximCombes sur twitter

 PS : je vous passe les autres inepties contenues dans la contribution de la Commission européenne. Signalons tout de même :

  1. l'erreur consistant à dire que 98% des émissions mondiales sont couvertes par l'accord de Paris alors qu'au bas-mot 10% des émissions mondiales ne le sont pas, puisque les émissions liées au secteur de l'aviation civile, du transport maritime et des armées ne sont pas assignées aux Etats et ne sont donc pas couvertes par l'Accord de Paris.

  2. l'importance donnée aux enjeux de compétitivité, de croissance, d'investissements et de marchés des capitaux, au détriment des politiques de sobriété et d'efficacité énergétiques ;

PPS : les journalistes et commentateurs, y compris ici sur Médiapart, qui ont expliqué que fixer un objectif de long terme à 1,5°C permettait de « consacrer l’idéal du dépassement des intérêts nationaux particuliers et de court terme » vont-ils revoir leur jugement ? ;-)

 

 

 

 

 

 

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Source : https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes

 

 

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2 mars 2016 3 02 /03 /mars /2016 20:12

 

Source : http://reporterre.net

 

 

La folle stratégie d’EDF pour faire échouer la transition énergétique

1er mars 2016 / Benjamin Dessus
 

 

 

 

La production d’électricité baisse, les coûts d’entretien explosent, la loi sur la transition énergétique impose des objectifs de réduction de la consommation… Mais EDF poursuit comme si de rien n’était sa stratégie ruineuse, analyse l’auteur. Au bout du chemin, la faillite et l’échec de la transition énergétique.

Benjamin Dessus est un ingénieur et économiste français né en 1939. Il est actuellement président de l’association Global Chance.



En déclarant, le 16 février dernier, qu’« il n’y a pas de fermeture prévue de centrales dans les dix ans à venir » [1], Jean-Bernard Lévy, le président d’EDF, a annoncé la couleur : il n’est pas question que son entreprise se plie à la loi sur la transition énergétique, qui impose « 50 % maximum de la production nucléaire dans la consommation d’électricité intérieure de la France en 2025 ». EDF veut continuer à exploiter l’ensemble de son parc, qui produit 75 % de l’électricité nationale, en prolonger la durée de fonctionnement de 10 ou 20 ans, et assurer la relève avec des EPR. À nous, consommateurs, de rendre compatible cette décision de l’électricien avec la loi de transition énergétique en accroissant de 50 % notre consommation d’ici à 2025 pour faire mathématiquement baisser le ratio. M. Lévy ajoute, néanmoins, que tout cela va coûter cher : il faudrait que l’État se décide à garantir à EDF un prix du nucléaire sur 30 ou 40 ans et un relèvement des tarifs aux particuliers…

Le nucléaire, et donc EDF, est aujourd’hui dans une situation difficile. La production mondiale d’électricité nucléaire a chuté depuis 2011 de 12 %. Les nouvelles capacités se substituent à des réacteurs arrivés en fin de vie et l’accident de Fukushima a eu des conséquences importantes sur la production nucléaire en Allemagne et au Japon. Les experts indépendants qui, dès 2005, avaient tenté de mettre en garde sur l’irréalité d’une reprise du marché [2] n’ont jamais été entendus. Et c’est donc à un marché atone – qui contraste avec celui de l’électricité d’origine renouvelable en très rapide expansion – que se trouve aujourd’hui confronté notre « champion » national.

 

Le dérapage des coûts des chantiers EPR

Le contexte lui est fort défavorable. La consommation d’électricité stagne depuis plusieurs années et sa croissance en Europe d’ici à 2020 se situera, selon RTE (Réseau de transport d’électricité, une filiale d’EDF), entre + 0,7 % et ‐ 2 % par an et, en France, de + ou‐ 0,16 % par an, malgré les nouveaux usages de l’électricité régulièrement invoqués pour justifier un retour à la hausse [3] ; la loi de transition énergétique impose une division par deux de la consommation d’énergie en 2050 et l’on a du mal à imaginer qu’elle concernerait tous les produits énergétiques sauf l’électricité ; l’Allemagne se désengage du nucléaire, le Royaume Uni se contente d’en maintenir sa production en commençant à remplacer vers 2025 ses plus vieux réacteurs par deux EPR, et même la France a décidé de limiter la puissance de son parc à sa valeur actuelle. S’ajoutent à tout cela la chute récente des prix du charbon qui produit de l’électricité sur un marché européen saturé et la montée en puissance des renouvelables, qui font chuter les prix de gros.

 

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Évolution de la consommation d’électricité en France depuis 2006, en TWh.

 

Ce contexte d’atonie de la demande d’électricité ne date pas d’hier mais les dirigeants d’EDF, comme les gouvernements successifs, n’ont pas voulu en prendre conscience, tant le dogme de l’augmentation inéluctable de la consommation d’électricité et de la supériorité française dans le domaine nucléaire s’est révélé prégnant.

Au début des années 2000, convaincue qu’un vaste marché international ne pouvait manquer de s’ouvrir à court et à moyen terme, Areva a proposé un EPR clés en main à la Finlande, livrable en 2009. EDF a suivi en 2006 avec la construction d’un EPR à Flamanville. Mais les deux chantiers ont dérapé inexorablement, les coûts s’envolant d’un facteur 3 à 4. Aujourd’hui, aucun des deux EPR n’est encore en marche et des incertitudes majeures demeurent à la fois sur le coût, la date, voire la possibilité de leur mise en route [4].

Pendant ce temps, EDF, en pleine campagne d’acquisitions de sociétés à l’international, et qui a fait le pari qu’elle disposerait de réacteurs type EPR bon marché vers 2020, a négligé la maintenance des réacteurs de son parc : l’investissement de maintenance est resté inférieur à un milliard d’euros par an jusqu’en 2007. Le taux de disponibilité du parc est donc tombé de 84 % en 2005 à moins de 78 % en 2009. EDF a alors pris conscience de la nécessité d’investir environ quatre milliards d’euros par an pour maintenir la productivité et le niveau de sûreté de son parc vieillissant.

 

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Évolution des investissements de maintenance du parc nucléaire français, en millions d’euros.
 

Mais, en mars 2011, l’accident majeur de Fukushima est venu rebattre les cartes. De nouvelles mesures de sûreté exigées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ont grevé le budget d’investissement initialement prévu. L’opération « grand carénage », prévue par EDF d’ici 2025, doit répondre à cette double exigence de sûreté et de cure de jouvence du parc. Estimée initialement à 55 milliards d’euros d’ici à 2025, la facture s’élèverait, selon la Cour des comptes [5], à 100 milliards d’euros d’ici à 2030. Mais elle permettrait peut-être, espère EDF, de prolonger la durée de vie des réacteurs de 10 ou 20 ans, et de mieux amortir ce très gros investissement, d’ampleur comparable à celui du parc actuel (96 milliards d’euros [6]). À condition que les solutions envisagées soient validées par l’ASN, réacteur par réacteur, ce qui n’est pas acquis.

Si tout va bien, le coût de production du mégawatt-heure (MWh) du parc rénové, autour de 65 €/Mwh [7], bien que largement supérieur au coût actuel du parc amorti, resterait très compétitif vis à vis de celui de l’EPR.

Une stratégie en contradiction avec deux points majeurs de la loi de transition énergétique

C’est la raison pour laquelle EDF tente cette opération délicate et risquée de prolongation des réacteurs. Délicate parce que l’incertitude pèse sur les conditions de prolongation du fonctionnement de chacun des réacteurs, risquée parce que les opérations de jouvence excluent des matériels comme la cuve et l’enceinte de confinement, des éléments essentiels de sûreté des installations qui ne sont pas remplaçables.

 

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Jean-Bernard Lévy, le président d’EDF.

 

Cela représente un mur d’investissement nucléaire pour l’entreprise, auquel s’ajoutent une bonne quinzaine de milliards d’euros [8] à débourser pour construire les deux EPR que propose EDF au Royaume-Uni à Hinkley Point contre le rachat de l’électricité produite à 120 €/MWh pendant 35 ans et le rachat de la section réacteurs d’Areva (deux milliards d’euros). Sans compter le démantèlement des réacteurs et le stockage des déchets, dont les coûts prévisionnels ne cessent d’augmenter, ni le casse-tête de l’embauche et de la formation des 110.000 techniciens nécessaires avant 2020 [9].

À plus long terme, EDF parie sur la réalisation d’un EPR compétitif pour commencer à remplacer les premiers réacteurs âgés de 50 ans en 2028 [10]. Mais il faudrait réduire le coût d’investissement d’un facteur au moins 2 à 2,5 par rapport aux EPR de Flamanville et d’Hinkley Point pour produire de l’électricité autour de 60 €/MWh. Pari majeur puisque l’expérience historique montre que le gain entre les têtes de série et la série n’a jamais dépassé 18 %.

 

 

Problème, cette stratégie est en contradiction avec deux points majeurs de la loi sur la transition énergétique : la division par deux de la consommation finale d’énergie en 2050 (et donc une diminution de l’ordre de 15 % en 2025), et la limitation à 50 % du nucléaire dans la consommation électrique française en 2025 [11].

Quels que soient les efforts de pénétration de l’électricité dans de nouvelles applications, personne (à part EDF ?) n’imagine en effet une augmentation ; on prévoit plutôt une stagnation, voire une décroissance de la consommation d’électricité en France en 2025.

 

Réduire le facteur de charge du parc nucléaire 

Il n’est pas vraisemblable non plus de multiplier par deux les exportations d’électricité actuelles (91 TWh en 2015), à la fois pour des raisons techniques (la capacité des lignes électriques transfrontalières) mais aussi économiques : la surcapacité de la plupart des pays européens retentit sur les prix de l’électricité hors pointe, qui s’effondrent.

Dernière solution, réduire le facteur de charge du parc nucléaire de 80 à 60 %, sauf que cette réduction provoquerait une augmentation du coût moyen de production de 25 % (de 65 € à plus de 80 €/MWh).

Seul l’arrêt de 15 à 25 tranches nucléaires du parc permettrait de respecter la règle des 50 %. Cette stratégie permettrait des économies d’investissement de maintenance de 25 à 35 milliards d’euros [12]. Par contre, elle rapprocherait d’une dizaine d’années les échéances du démantèlement problématique des centrales [13]. Elle poserait aussi évidemment à EDF des problèmes de réallocation d’emplois pour 8.000 à 12.000 travailleurs qu’il faudra former et affecter à d’autres tâches dans les 10 ans qui viennent.

 

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La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, dans le Loir-et-Cher.
 

En fait, EDF et le gouvernement affrontent trois objectifs contradictoires :

- faire croître rapidement la proportion d’électricité renouvelable dans la consommation d’électricité à 23 % en 2020, comme la France s’y est engagée [14], objectif d’autant moins difficile à atteindre que cette consommation est faible ;

- faire décroître fortement la proportion d’électricité nucléaire destinée à la consommation française, objectif d’autant moins difficile à atteindre que cette consommation est élevée ;

- faire participer la consommation d’électricité à la décroissance continue de la consommation d’énergie finale nécessaire à sa division par deux en 2050, objectif synergique du premier objectif mais incompatible avec le second…

 

Repousser à plus tard la question inéluctable du démantèlement 

Avec ses annonces, le président d’EDF, semble-t-il avec la complicité du gouvernement, joue la politique du fait accompli. Si l’on suit sa politique, il deviendra de plus en plus évident, dès avant 2020, que ni les 50 % de nucléaire, ni les 23 % de renouvelables en 2020 [15], ni les indispensables économies d’électricité ne seront au rendez vous....

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 21:35

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog

 

 

Ségolène Royal a raison : il est temps de laisser les hydrocarbures dans le sol !

 

 

L'annonce de Ségolène Royal aurait du déclencher une tempête médiatique. Elle est passée inaperçue. La Ministre a pourtant mille fois raison : l'urgence climatique et l'impératif de la transition énergétique doit conduire à ne plus chercher de nouveaux hydrocarbures.

 « Puisqu'il faut réduire la part des énergies fossiles, pourquoi continuer à donner des autorisations de recherches d'hydrocarbures conventionnels ? ». Ainsi s'est exprimée Ségolène Royal, dans un débat parlementaire mardi 12 janvier, comme le rapporte une dépêche AFP passée (presque) inaperçue. Plus inaperçue en tout cas que les rencontres de Ségolène Royal avec Justin Bieber ou Lenoardo Di Caprio. Misère de la peopolisation de la vie politique.

 

se-gofossile se-gofossile

 

L'annonce de Ségolène Royal aurait pourtant du déclencher une tempête médiatique et une avalanche de réactions. Des applaudissements nourris venus des ONG, des écologistes ou des promoteurs d'une véritable transition énergétique. Sur l'autre versant, industriels et champions du statu quo auraient du exprimer des réprobations furieuses ! Entre les deux, éditorialistes et commentateurs auraient essayé de concilier l'inconciliable, le climat et la fuite en avant extractive.

Rien n'est venu. Aucune réaction officielle. Aucun communiqué de presse. Aucun édito. Aucun article (hormis la reprise de la dépêche AFP sur quelques sites d'information).

Comme si cela n'intéressait personne (où sont donc les écologistes ?).

Comme si les déclarations politiques – notamment celles de Ségolène Royal – n'avait plus aucune valeur. En tout cas moins qu'une photo avec les Bieber et Di Caprio.

Comme si l'urgence climatique était passée à la trappe : la COP21 n'est-elle pas finie ?

L'annonce de Ségolène Royal est pourtant une annonce majeure. Une annonce qui reprend mot à mot les exigences de toutes celles et ceux qui préconisent aujourd'hui de geler une majorité des réserves prouvées d'énergies fossiles pour répondre à l'urgence climatique : conserver une chance raisonnable de rester en deçà de 2°C de réchauffement climatique d'ici la fin du siècle – qui plus est dans le cas des 1,5°C tel que préconisé par l'accord de Paris – implique de ne pas exploiter 80 % des réserves d'énergies fossiles. Ce n'est pas une option. Mais une condition.

 

Extraits de Sortons de l'âge des fossiles ! Manifeste pour la transition, Seuil, Anthropocène, 2015 Extraits de Sortons de l'âge des fossiles ! Manifeste pour la transition, Seuil, Anthropocène, 2015

 

 

A quoi bon alors continuer à creuser, explorer, chercher de nouveaux gisements ? Ségolène Royal a mille fois raisons. Elle le dit très clairement : il ne faut plus « délivrer d'autorisation de recherches d'hydrocarbures conventionnels, puisqu'il faut inciter les groupes industriels qui s'engagent dans ce type d'activité à réorienter leurs investissements vers la production d'énergies renouvelables ou vers la production de l'efficacité énergétique ».

Nous encourageons donc Ségolène Royal à passer aux actes. Plusieurs décisions peuvent être prises sans attendre :

  • selon son ministère, au 1er juillet 2015, la France comptait 54 permis de recherches et quelque 130 demandes de permis de recherches : il est plus qu'urgent de remettre à plat les permis de recherche existant – dont certains concernent manifestement des hydrocarbures non conventionnels – et de refuser les nouvelles demandes de permis ;

  • la réforme du code minier, qui doit pendre la forme d'une loi et non d'ordonnances, doit être débattue au plus vite au Parlement : il faut y intégrer l'urgence climatique et la nécessité – scientifiquement démontrée – de laisser les fossiles dans le sol comme un des principes qui priment dans la délivrance de nouveaux titres miniers ; la France pourrait devenir exemplaire et pionnière en la matière ;

  • le gouvernement français devrait exiger de rouvrir immédiatement le mandat de négociation des accords de libre-échange et d'investissement dont dispose la Commission européenne (Tafta, Ceta, Tisa, etc) pour y introduire les mentions de l'urgence climatique – le mot climat n'apparait pas – et de la nécessité de réduire drastiquement production, consommation et commerce international des énergies fossiles ;

Bien d'autres mesures sont nécessaires, comme la nécessité de désinvestir massivement des énergies fossiles – la Caisse des dépôts et Consignation devrait s'activer en la matière – puisque sortir de l'âge des fossiles nécessite d'aller beaucoup plus loin. Dans le livre du même nom, nous avons proposé dix étapes, comme autant de propositions pour déverrouiller, déminer et déclencher la transition : le principe des 3D.

Ne serait-il pas temps d'en débattre ouvertement, publiquement et sérieusement ?

Pour que l'Etat d'urgence climatique ne devienne pas un Etat d'urgence permanent.

Maxime Combes, économiste et membre d'Attac France.

Il publie Sortons de l'âge des fossiles ! Manifeste pour la transition, Seuil, coll. Anthropocène et il a co-coordonné Crime Climatique Stop ! L'appel de la société civile, Seuil, Anthropocène.

@MaximCombes sur twitter

PS : un tel post n'aurait pas été possible sans la veille et les alertes des collectifs citoyens luttant contre l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures (de schiste, mais pas seulement) ! Merci à eux et à leurs animateurs qui se reconnaîtront.

 

 

 

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Source : https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog

 

 

 

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